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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 10:26

Gendarmes ou voleurs ?

 

« Votre ordinateur est bloqué par la gendarmerie ». Vous avez peut-être reçu ce message si vous surfez sur les sites de streaming. Seul moyen pour débloquer la machine, le paiement d'une amende de 200 euros...

 

Ne payez surtout pas malheureux ! Ceci est une arnaque, un virus informatique qui circule depuis un petit moment sur le net. D’ailleurs, les détails ne trompent pas. Si le logo de la gendarmerie donne le change, celui de la République française, à gauche, paraît bien vieillot. Sans parler des nombreuses fautes d’orthographe... Les pirates ne prennent pas leur rôle de pandore très à coeur.

La page affichée sur l’écran indique que l’utilisateur est pris en flagrant délit de téléchargement illégal ou de visites, un peu trop régulières, de sites pornographiques. En bas, une plate-forme de paiement en ligne apparaît. Le montant de « l’amende » pour débloquer la machine : 200 euros, que vous pouvez régler par carte bancaire si vous le souhaitez.

Cette pratique est nommée « Ransoware », qui signifie logiciel de rançon. Inutile de redémarrer votre ordinateur, le message s’affiche automatiquement. Evidemment, les petits malins n’auront pas manqué d’appuyer sur la touche F8 de leur clavier pour lancer le mode sans échec. Mais il en faudra plus pour venir à bout de la bête. D’après les spécialistes, le virus profite de l’absence de mise à jour de Java et d’Adobe Flash pour s’infiltrer. L'attaque serait partie d'Europe de l'Est, puis s'est propagée dans plusieurs pays. En métropole, elle s'est produite en décembre dernier, touchant ainsi des milliers d'internautes. A La Réunion, « le virus gendarmerie » comme on l'appelle sur la toile a débarqué début février. Il y a déjà des victimes.

 

Des Réunionnais ont porté plainte

 

La gendarmerie nationale (la vraie) a enregistré de nombreuses plaintes. « On est submergé d'appels depuis quelques semaines. Certaines victimes ont effectivement payé l'amende demandée », explique un brigadier de la caserne Vérines à Saint-Denis. Afin d'informer le public, des brochures sont distribuées expliquant la procédure à suivre pour détruire le virus sans devoir tout réinstaller. Autre moyen, si vous ne faites pas confiance aux forces de l'ordre, l'appel à des professionnels. Mathias, 28 ans, a monté une petite boîte de vente et dépannage pour PC et Mac. Ce chasseur de virus se méfie des didacticiels trouvés sur le web. « J'utilise un CD bootable qui va chercher les derniers points de restauration du système avant l'apparition du phénomène. En une demi-heure, c'est fini, sans aucune perte de données », assure-t-il. Evidemment, la résurrection de votre ordinateur a un prix, une cinquantaine d'euros environ. Afin d'éviter une nouvelle contamination, il est fortement conseillé de procéder à des mises à jour régulières du système d'exploitation. Les escrocs, eux, courent toujours.

 

Flavien OSANNA

 

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 10:23

Halal. Et alors…

 

 

Marine Le Pen, candidate du Front National aux présidentielles, déclarait que tous les abattoirs d’Ile de France ne produisaient que de la viande « halal » et ce, à l’insu des consommateurs. Qu’en est-il des abattoirs de volailles à La Réunion ?

 

 

« Ici, tout est 100% halal. Mais on étiquette certains produits « non halal » alors que ce n’est pas vrai… » Cette confidence d’un employé de l’abattoir de Grand Matin, à Salazie, a le mérite de la clarté… Et agace quelque peu le responsable de l’usine. « Où est le problème ? Il n’y a pas de différence,  abattre le poulet à la main ou à la machine ne change en rien le goût de la viande », réagit sur le vif Axel Damour. Il ajoute : « Tout est un problème de communication. La plupart des personnes ne savent même pas ce que signifie le mot « halal ». Je suis chrétien et je mange du « halal ». Et alors ? »

 

Faizal Vally, président de la Commission de Surveillance du Hallal à La Réunion (CSHR), ne peut qu’approuver : « Halal ou pas, c’est la même chose ».

 

Axel Damour assure même que « la viande halal est beaucoup plus sécurisée et saine que n’importe quelle viande importée du Brésil ou d’ailleurs », en raison d’un « meilleur respect de la chaine alimentaire et des règles d’hygiène ». N’exagérons pas, résume Laurent Lafne, chef de service de l’alimentation à la Direction départementale des services vétérinaires : « La production halal propose les mêmes normes sanitaires qu’une production normale. Après ce n’est qu’une question de religion ».

 

La Réunion compte quatre abattoirs de volailles dont trois certifiés « halal » par la CSHR : Crête d’or à Saint-Leu, Grand Matin à Salazie et l’élevage Ducheman et Grondin à Saint-Joseph. La CSHR garantit à ces entreprises réunionnaises le label. Composé de l’association du centre islamiste de La Réunion et du conseil régional du culte de La Réunion, il n’intervient que si l’entreprise en fait la demande. L’abattoir Chane Kay Bone Thérèse situé à Saint-Benoît est le seul établissement à ne pas proposer de poulet « halal ».

 

Conclusion : trois abattoirs de poulets sur quatre abattent les volailles selon les rites musulmans, sans forcément séparer les deux process, alors même que les produits sont étiquetés différemment. À La Réunion, terre pluriculturelle et multicultuelle, la question du hallal ne semble pas susciter de débat particulier. Même si certains consommateurs, plutôt rares, osent avouer que la pratique les dérange. C’est le cas de Christopher 24 ans : « Je trouve cela absurde qu’on nous impose d’en manger. On n’oblige pas les hindous à manger du bœuf, ni les musulmans à manger du porc. Maintenant, on ne trouve que des produits étiquetés « halal » partout ». Et alors ?...

 

Maureen AJIRKAN

 

 

 

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 10:07

 

 

Fiv les bébés !

Cinq ans après le premier bébé éprouvette français, une autre naissance a fait sensation à La Réunion. Celle de Caroline, née en mars 1987 d’une avancée médicale : la FIV. Depuis, plus de 6 000 bébés-éprouvettes sont nés sur l’île.

fiv.jpgAujourd’hui à La Réunion, près de 240 nouveau-nés voient le jour grâce à la fécondation in vitro sur 14 500 naissances annuelles, soit 1,72% des naissances. Le docteur Guy Baroche, l’un des pères scientifiques de Caroline, la première « fivette » pays, constate cette évolution : « Il y a de plus en plus de demandes à La Réunion. On a effectué 800 tentatives de FIV l’année dernière ». Le gynécologue-obstétricien pratique à la Clinique Jeanne d’Arc au Port, le premier centre de FIV de La Réunion ouvert en 1986. Pour répondre à la demande, un deuxième centre a vu le jour à l’hôpital de Saint-Pierre.

15% des couples infertiles

Selon l’Institut national de veille sanitaire, un couple réunionnais sur sept suit un traitement contre l’infertilité. Ce qui explique l’augmentation des demandes de FIV. Guy Baroche ajoute qu’à des degrés divers, « 50% des hommes sont touchés par des problèmes de stérilité. » Il explique qu’  «  en seulement 40 ans, le nombres de spermatozoïdes chez l’homme a diminué de 30% ».

Un autre phénomène explique la démocratisation de la FIV : l’âge avancé des couples. Les probabilités d’avoir un enfant naturellement passent de 25% à 25 ans, à 6 % à 42 ans. Ainsi, le taux de réussite d’une FIV qui n’est que de 20% diminue avec l’âge. Le médecin ne peut que constater : « 35% de mes patientes ont plus de 35 ans. Après 35 ans, c’est la catastrophe ». Certaines patientes vont jusqu’à quatre tentatives, nombre maximum pris en charge par l’Assurance maladie. C’est le cas de Lucie 33 ans de Saint-Paul. Elle a une insuffisance ovarienne et son mari Daniel est « sévèrement infertile ». Seule solution, la fécondation in-vitro qu’ils essaient à trois reprises en seulement deux ans. Sans résultat : « Le sentiment d’échec, la déception de mon mari, et les tentatives successives m’ont mise à bout. Je suis tombé dans la déprime pendant un an ». Mais une dernière chance s’offre à eux : l’IMSI. La Micro-Injection Intracytoplasmique de Spermatozoïde permet d’augmenter les chances de réussite d’une FIV en injectant directement dans l’ovocyte un spermatozoïde sélectionné. L’IMSI ne se pratique pas à La Réunion. Le couple s’est donc envolé pour Paris début 2011, dans l’espoir d’une dernière tentative. Grâce à ce procédé, la 4ème FIV sera la bonne. En décembre 2011 Lucie donne naissance à deux petits garçons.

 

Un parcours de combattants

Des traitements quotidiens de 12 jours à un mois: le chemin vers la natalité est souvent difficile à supporter pour les couples. Nathalie témoigne. À 36 ans, cette Saint-Marienne souhaite un troisième enfant avec son mari, mais il est stérile. Ils font donc appel à la science sans hésitations. Nathalie, pourtant positive, a vu son espoir d’enfant s’envoler: « C’est un peu compliqué, je suis un peu perdue. J’ai commencé les ponctions il y a un mois, ça se passait bien, une injections d’embryons était même prévue. Et du jour au lendemain c’est annulé, les embryons ne sont pas d’assez bonne qualité ». Déçue elle et ne sait plus si elle doit baisser le bras : « C‘est la première tentative, il ne faut pas rester sur un échec. Mais je vais bientôt avoir 37 ans, est-ce bien raisonnable ? Je ne sais pas si je serais assez forte pour refaire tout ça. »

 

L’augmentation des pratiques de fécondation in-vitro pose plusieurs débats. Puisque l’IMSI permet de sélectionner des spermatozoïdes génétiquement parfaits, peut-on augmenter son accès, n’ont plus seulement aux parents qui ont des difficultés à faire un enfant mais aussi à ceux qui souhaite une sélection génétique de leur futur enfant? Et qu’en est-il de l’ouverture de la FIV aux couples de lesbiennes et aux mères célibataires comme c’est le cas en Espagne et dans d’autres pays européens ?

 

Céline MONTÉCOT

 

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 14:39

La radio non stop…

 

Installé à La Possession, depuis huit mois, David Ponchelet, 41 ans, a été appelé pour devenir le rédacteur en chef de Radio Réunion 1ère. Il vient d’investir avec toute son équipe, les nouveaux locaux de la radio à la Technopole.

 

Ponchelet.jpg
Derrière son bureau, le rédacteur en chef donne ses directives pour l’organisation de l’information. De 6h à 20h il doit être disponible à chaque instant et faire face aux imprévus. Il répond aux sollicitations extérieures et envoie ses journalistes sur le terrain. Après une scolarité, que David Ponchelet définit de « pas brillante », un baccalauréat B (Economique et Social) et deux années à l’ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) de Paris, il devient journaliste. Issu d’une grande école, il tient à préciser « que sortir de l’une d’entre elles n’est pas obligatoire pour exercer ce métier ». Pendant ces années d’apprentissage, il a effectué des piges pour les radios. A sa sortie, il est embauché à Europe 1, au téléphone rouge. Son travail y est de récolter les témoignages de citoyens lambda, multiplier les vérifications et transmettre des brèves. « C’était un bon moyen pour apprendre l’importance de la vérification de l’information ». A la suite de ce premier emploi, il travaille pour BFM, ou encore RTL2, jusqu’au siège de la rédaction parisienne de RFO où il officie pendant dix ans.

Une ambition précoce : « Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours voulu faire du journalisme sportif » explique le quadragénaire. Entouré d’une famille de journalistes, « ça a toujours été une évidence ». Après une tentative dans le métier, il est déçu et finit par trouver le milieu « un peu trop superficiel, des discours trop rodés, peu sincères ». Plus récemment, en réponse aux derniers événements qui ont frappé La Réunion, le journaliste a fait quelques correspondances pour France Info et France Inter afin de « donner une image juste de la situation, et de resituer l’action ». Les dépêches de l’AFP (Agence France Presse) étaient « parfois trop catastrophistes, alarmistes » déplore t-il. Ce métier lui a permis de voyager pour ses reportages, dans de vastes pays comme dans les îles éparses. Il garde un souvenir marquant d’un reportage de huit jours passés dans la République d’Haïti après le violent séisme de janvier 2010. Le journaliste est censé conserver sont objectivité, mais lors de ce voyage « il était difficile de rester imperméable ».

Depuis qu’il occupe son poste de rédacteur en chef à la radio, c’est à peu près le même rituel, il doit « être là » à 6h30. La conférence de rédaction débute à 8h30. Le moment de grande écoute de la radio est entre 6h et 8h, alors l’information ne doit être hyper-réactive. Il prépare aussi les éditions de 12h et 17h, tout va très vite, ses journées se terminent aux alentours de 19-20h. Il faut prévoir les reportages du lendemain et être prêt « à se réveiller au milieu de la nuit ou même à dormir sur place en cas de grosses actus ». Du point de vue personnel, ce n’est pas toujours évident, sa femme et ses trois enfants ne le voient pas souvent, mais « ils ont appris à vivre avec ». Et lui aussi…

Sarah Leveque

(Texte et photo)

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 06:39

Momon lé là

 À 37 ans, Sabrina Savatier semble jongler sans difficulté apparente entre son travail à l’association « momon papa lé la » et sa vie de famille. Cette mère de trois enfants âgés de 18, 15 et 7 ans semble mener une existence sans encombre. Qu’en est-il en réalité ?

 

MmeSavatier rectif
Née à Sainte-Suzanne dans une fratrie de huit sœurs et quatre frères, Sabrina Savatier révèle dès son jeune âge un tempérament de garçon manqué. Et pour cause, « je suis née entre deux de mes frères. J’ai grandi et jouais avec eux aux jeux de garçons », se remémore-t-elle fièrement. Après avoir passé le brevet des collèges qu’elle n’a pas obtenu, Sabrina s’oriente vers un BEP menuiserie, mais n’est pas acceptée. Sans doute un métier réservé aux garçons à l’époque. Elle se voit expédier vers un BEP secrétariat qu’elle ne réussit pas. Aguerrie, elle entreprend alors des études d’agriculture à la Maison familiale et rurale comme pour suivre les traces de sa mère, exploitante agricole. Là encore, l’expérience s’avère être infructueuse. « J’aurais aimé faire un métier manuel, qui bouge, comme conductrice de poids lourds », regrette-t-elle. Ainsi elle abandonne les études, et fonde une famille. Cependant, l’histoire tourne au drame au point qu’elle se retrouve dans la rue avec ses deux premiers enfants.

Après avoir vécu de terribles violences conjugales, aujourd’hui, plus rien ne semble lui faire peur. « Je n’ai pas ma langue dans la poche. Je sais me faire entendre même si je ne m’y prends pas toujours comme il le faut ». Normal. De telles épreuves forgent le caractère. Et il en faut pour s’en sortir. Le combat qu’elle mène désormais, depuis plus de dix ans, n’est plus vraiment le sien. Mais celui de femmes qui traversent les mêmes épreuves qu’elle et à travers lesquelles elle retrouve un peu de son histoire. Celle d’une femme battue pendant plusieurs années par son compagnon. « En tant que victime, je fais part de mon parcours pour les aider », précise la future maman.

D’ailleurs, son rôle au sein de l’association est celui d’agent polyvalent. Employée sous contrat unique d’insertion, elle se charge de l’accueil des personnes et les aides dans leurs démarches pour 676 euros par mois. « Je ne suis pas une femme d’intérieur, mais une femme de terrain » affirme-t-elle.                    
Quant au rôle de son mari, président de l’association, elle le définit comme « la tête pensante ». Mais sous prétexte qu’ils se « complètent », elle se retrouve au second plan. Une situation qui ne semble pas la déranger. « Ça ne m’intéresse pas d’être au-devant de la scène, se défend-t-elle, de cette façon je peux faire ce que je sais faire de mieux et évoluer comme je veux ». Un tel dévouement ne traduirait-il pas une forme d’individualisme ? Sans doute celle de panser ses propres plaies.

Annecy Panon

(Texte et photo)

Infatigable  

Il faudra longtemps insister pour qu’elle admette qu’il lui arrive d’être parfois submergé. Elle dit pouvoir lever le pied, et prendre du temps pour elle et ses enfants. Pourtant, celle qui rêve de voyage et de croisière concède : « Je ne suis pas le genre de personne qui aime rester chez elles derrière les fourneaux. D’ailleurs même quand je suis en congé je suis à l’association. » Savourera-t-elle un jour d’autres horizons ?



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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 05:26

Un journaliste assis peut aller très très loin

 

Lucie Touzé a brûlé les étapes. Elle n'a que 28 ans, a déjà été rédactrice en chef, occupe actuellement le poste de chef d'édition pour le site d'information Linfo.re. Rencontre.

 Lucie Touzet allégéQu'est ce qui a l'air doux, mignon, ne s'arrête jamais de bouger et court de plus en plus vite ? Le lapin des piles électriques Duracell, et Lucie Touzé. La comparaison s'impose quand on rencontre cette brune pétillante. « Toutes mes journées fonctionnent à l'adrénaline », reconnaît la journaliste, actuellement chef d'édition pour le site d'informations en ligne d'Antenne Réunion.

 

A côté d'elle, ses collègues mettent sans discontinuer en ligne articles, photos et vidéos. Mais ne lui parlez pas de journalisme caché derrière l'écran d'ordinateur, Lucie Touzé a son idée sur la question. « La rédaction reste quand même le centre névralgique de l'actualité ! Et nous ne nous limitons pas aux sujets réalisés pour le journal télévisé », argumente t-elle avec passion. Et de continuer : « Tout va très vite, tout est excitant ». L'information en flux continu, voilà son quotidien, sans début ni fin.

Le web, Lucie Touzé n'est pourtant pas tombée dedans quand elle était petite. Elle a travaillé dans un hebdomadaire à Mayotte avant d'arriver à La Réunion, il y a un an. Cette femme menu au regard vif y était même rédactrice-en-chef. « C'était un rythme différent, j'aimais beaucoup travailler pour eux. Jusqu'à la liquidation judiciaire »... Le journalisme est aussi une affaire de gros sous. Pas de souvenirs amers pourtant. Elle qui est originaire de Vernon, dans l'Eure, a l'habitude de bouger. Son père travaillait dans la fonction publique et les mutations ont forgé son caractère voyageur. De quoi prendre de bonnes habitudes : « La fin de cette aventure professionnelle m'a permis de venir à La Réunion, et je ne regrette rien. Sa diversité m'a enchantée. Je m'y sens vraiment bien avec mon compagnon, qui est d'origine mahoraise et mes enfants. » C'est que dans sa vie personnelle aussi Lucie Touzé a mis le turbo ; elle a deux petites filles, la dernière n'a que 5 mois.

Facile de gérer une activité professionnelle survoltée en même temps que sa vie de famille ? « Je ne m'arrête quasiment jamais, puisque mes premiers articles sont mis en ligne vers six heures, depuis mon lit. Mon compagnon s'y est fait ! Il s'est même habitué à ce que je ne me couche jamais sans mon smartphone à côté de l'oreiller », sourit la webjournaliste.

Même si elle est passionnée par ce qu'elle fait, Lucie Touzé s'essayerait bien à autre chose . « Pourquoi pas la radio ? Ce serait une expérience intéressante, j'ai soif de savoir-faire ». Elle qui n'a obtenu qu'une licence de Lettres Modernes et fait aucune école de journalisme, ne sait jamais sentie paralysée. Et comme le lapin rose, qui peut dire où elle s'arrêtera ?

 

Elodie Lauret

(Texte et photo)

 

Lucie Touzé en cinq dates :

1983 : naissance à Vernon

2004 : s'installe à Mayotte

2006 : rédactrice-en-chef du Mahorais

2008 et 2011 : naissance de ses filles, Léna et Thaïs

2011 :  chef d'édition de Linfo.re à Antenne Réunion

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 18:19

« Nous la pas volé, nou la emprunté »

Au Port comme au Chaudron, des jeunes sont devenus hors-la-loi, le temps d’une nuit d’émeutes. Pourquoi ont-ils dépassé les limites ?


emeutes comp 2« Quand mi fé ça, pou moin, moin la point tor » explique Daniel*. Sous ses airs de plaisantin, le père de famille affirme que les émeutes ont été la seule façon de se faire entendre. A 25 ans, lui et ses amis du Chaudron à peine majeurs s’indignent : « Na pu personne i écoute a nou, nou l’été obligé arrivé là ». Comme la plupart d’entre eux, Daniel a suivi le mouvement.  Au premier abord, c’est la vie chère qui les révolte et le sentiment d’être exclus de la société.


Elisa, titulaire d’un CAP vente, cherche du travail mais dit être renvoyée, même par la mission locale : « Zot i di i fo une remise à niveau. Ou gagne 300 euros par mois, et après ? Ben ou recommence pareil ». Ces jeunes n’ont plus foi en l’avenir et vivotent au jour le jour : « Pourquoi aller travailler si  ou peux même pas sa faire plaisir de temps en temps ? » À demi-mots, le petit groupe de Daniel reconnaît s’être servi : «  Nou la pas volé, nous la emprunté à long terme ».  Avant que l’un d’entre eux ne sorte un hélicoptère télécommandé...


Au Port, Jean Luc et Roland côtoient les jeunes émeutiers tous les jours. « Quand les parents i gain pas offrir, fo trouve une autre solution, alors les jeunes i vole » explique Jean Luc. Bijoux, parfums, tout est bon à prendre. Ces larcins, les jeunes finissent souvent par les revendre pour s’offrir le vrai objet de leur frustration. Roland lui même avoue en pointant son téléphone : «  Sa c’est du business sa ». Les pillages ne sont pas nouveaux pour le trentenaire. Il y a quelques années, il se souvient d’un cyclone en vue, des renforts de police retenus à Saint Denis… « Moi la vu un tas de moun remonter avec des chariots pleins. Moi la parti prendre aussi ». Excitation, phénomène de groupe… Les valeurs morales sont mises de coté. « Ou réfléchi pas dans ces moments là, mi pensais juste à pas faire prendre a moi. Moi la pri tout ce que moi la pu et après moi la revendu ».


D’après Roland, ce système est connu de tous les habitants des quartiers populaires du Port. Même les parents se prêteraient au jeu en achetant les produits volés, « trois fois moins chers qu’en magasin ». Certains même participent aux casses, ou se montrent solidaires : « Quand la commence avoir z’arrestations, le monde té rouv zot portail pou dire allez cachette. A coz bana i pren pa le z’enfant par le zoreil avant tout i commence ? »

 

Sarah BARET

* prénom d'emprunt

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 19:36

 

La Réunion encore en autosuffisance
L’Etablissement Français du Sang (l’EFS) multiplie les collectes mobiles à La Réunion. Malgré les stratégies de communication, la grande majorité de Réunionnais ne donnent toujours pas leur sang.


collectesangSix mille vies sauvées l’an dernier grâce à 23 000 poches de sang. « Une femme qui a une complication pendant l’accouchement consomme entre 10 et 17 poches de sang, soit autant de personnes qui ont sauvé la vie de cette femme », illustre Nathalie Grondin, chargée de communication de l’EFS à La Réunion. « On ne parle pas encore de pénurie de sang car les donneurs réguliers participent aux collectes en moyenne une à deux fois par an, explique-t-elle. Mais la situation reste fragile ». La Réunion est en «autosuffisance» ; elle ne dépend que de sang réunionnais. «Il faut traiter une poche de sang en 24 heures, ce qui signifie qu’on ne peut pas importer du sang de métropole», précise l’EFS.

Les donneurs ne constituent qu’1% de la population. Les communiqués envoyés chaque semaine par l’EFS persuadent certaines personnes mais elles sont encore trop peu. Il faut d’avant tout avoir 18 ans, peser au moins 50 kilos et être en parfaite santé. Les Réunionnais se posent des questions : « Est-ce-que mon sang est bon ? », « Les collectes ne sont-elles pas trop loin de chez moi ? » ou « Est-ce-que j’ai du temps à consacrer cette semaine ? ». Auxquelles la réponse demeure : « S’il fallait, ils le feraient»…

«Lors du chikungunya en 2006, les stocks de sang ne suffisaient pas », rappelle Nathalie Grondin. « Une situation d’autosuffisance n’empêchera pas une pénurie le jour où un évènement similaire se reproduit. Mais depuis 2008, les dons se sont multipliés».

« C’est un geste très personnel »

Les collectes mobiles se déroulent en général dans les écoles, les campus, les parcs et les hôtels. Les donneurs peuvent aussi se rendre aux EFS situés au CHD de Bellepierre à Saint-Denis ou à Saint-Pierre. Mais les horaires ne conviennent malgré tout pas à tout le monde ; « Les dons au CHD se font trop tôt et les places de parking à l’hôpital sont limitées», témoigne un personnel du CHD de Bellepierre, qui n’aurait pourtant pas besoin de se déplacer spécialement.

L’EFS essaye néanmoins de s’adapter aux horaires de tous ; même les plus jeunes. Les 23 et 24 février derniers, une collecte de sang s’est tenue au Lycée du Butor à Saint-Denis dans une salle de classe. Une dizaine d’élèves attendaient leur tour après avoir été interrogés sur leur état de santé par deux médecins. Thierry Baum, un des médecins bénévoles, raconte comment «il faut placer les collectes entre leurs jours d’examens et de sorties de classe, ce qui n’est pas toujours facile».

Nathalie Grondin reconnaît que «c’est un geste très personnel qui peut faire peur en raison de la piqûre et du sang ». L’EFS demande malgré tout «à ce que le public assiste au moins à une collecte sans y participer, simplement pour y constater l’ambiance conviviale et détendue ».

La prochaine collecte se passe au campus du Moufia jusqu’à ce vendredi 9, entre 9 heures et 13 heures. Les personnes qui désirent faire un don doivent être munies d’une pièce d’identité.

Soe HITCHON

 

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 10:46

« Nou lé pa z’enfant batar »

 

« Nou va kass tout’, parceke banna la kass nout’ avenir ». Pour Willy, jeune Dionysien de 21 ans, les émeutes qui ont ébranlé l’île il y a deux semaines seraient justifiées. 

 

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Originaire du Moufia à Saint-Denis, Willy est loin de l’archétype du casseur s’habillant en survèt’-casquette-baskets. Il se fond au contraire dans la masse, s’habillant comme Monsieur tout le monde : polo rentré dans le pantalon et tennis de détente. Il habite avec sa concubine et son fils de 1 an dans une tranquille résidence des hauts du Moufia. Vivant de faibles revenus, elle avec des aides de la CAF, lui en travaillant au noir de temps en temps, ils essaient d’offrir à leur fils une existence convenable. Malgré cette vie de famille apparemment heureuse, cela n’a pas empêché Willy de participer aux dernières émeutes au Chaudron.
Il l'avoue : pour casser, pour voler et pour montrer que les « jeunes existent ». Mais pas uniquement. « Nou lé pa kasseur, nou lé émeutié ». « Nou rassemb’ a nou pou fé entend’ nout’ révolte », se défend-t-il. Il se voit comme un « casseur du système ». « Nou kass sak i revien a nou de droit. Mi lé un kasseur de tout’ bann’ injustice, de tout’ bann’ répression », déclare t-il fièrement avant de reprendre : « Si ou demande a moin si ma fini lance cocktail Molotov, mi di a ou oui ». « Kan ou lé pri dan’ lacrymo, faut couv’ out’ nez ek out’ bouche avec un linge trempé dan’ l’eau bicarbonate. Surtout, kan ou lé gazé, met’ pas de l’eau ! Va achève brûle a ou enkor plus », prévient-il. Sur l’intérêt de la casse, il assure : « Nou respek pu rien parce que la société la jamé respek a nou. Domoune i voi uniquement ce ke nou kass. Mais zot’ i voi pas ko fon d’nou, c’est nou lé brisé ». 

 

« Nou respek pu rien » 

 

« Zot i vole l’argent domoune par millions, et zot’ lé mèm pa condamné pou sa. A nou parceke nou brûle deux trois poubelles, i met’a nou la zôle. C’est sa zot’ justice ? », s’insurge t-il. Willy n’hésite pas à pointer du doigt également le reste de la population, qui ne fait rien selon lui pour « faire bouger les choses ». « Kan mi voi domoune i critik a nou et i trait’ a nou de gratèr d’ki, moin néna la rage. Si c’est pa nou pou bougé, kroi pa domoune va levé pou manifesté, mm si zot i trouv la vie chère. Au final c’est des vendu », déplore le jeune père de famille.

 

Pour Willy, ce n’est pas avec la baisse des prix des carburants et des 60 produits de première nécessité, que la situation va changer. « C’est pou bouche nout’ z’yeux sa. Mais le problème du chômage sa zot’ i parle pa », regrette-t-il. Titulaire d’un BEP vente, Willy n’arrive pas à trouver un emploi. « Kosa ou veu mi fé ? Moin la envoy’ un tas CV, et kan néna l’entretien, i refoule a moin. Et crois pas gayn un travay avec la mairie, si ou na poin piston, lé battu,» constate-t-il, profondément déçu.

Le casseur soulève une autre question : « Kréol lé pa traité la mèm manière ke bann’ zore. Anou nou lé condamné subir l’éloignement la famille, la fré, et viv’ dan’ la misère, pendan ke d’autre moune i vien ici, i profit’ soley et i gayn un prime pou la vie cher. A nou z’enfant batar koué ? », conclut-il amèrement. 

 

Samuel IRLEPENNE 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 08:03
Échanges de savoir-faire

 

Acheter sans dépenser d’argent, un concept désormais accessible aux Réunionnais. Le troc prend de l’ampleur sous différentes formes, comme le SEL (Système d’Echange Local) ou le JEU (Jardin d’Echange Universel).

 

Le Système d’Echange Local, à quoi ça sert ? «  Le SEL permet de se soustraire du système de l’argent et du profit que nous connaissons, mais aussi de sortir de l’individualisme », explique Patrice Louaisel, président de RéuniSEL. Créée il y a une quinzaine de jours, l’association propose aux Réunionnais des quatre coins de l’île d’échanger ce qu’ils souhaitent sans débourser un seul centime. En guise de monnaie symbolique, le Grain de Sel. Une heure de service ou d’une connaissance transmise, par exemple, équivaut à 60 Grains de Sel. « Il s’agit de coups de main et services ponctuels, d’importance modeste et non répétitifs », précise Patrice Louaisel. Compter néanmoins dix euros par personne et par an pour l’adhésion à l’association, quinze pour un foyer. 

Une fois le formulaire d’adhésion rempli, le principe est simple. « Lorsque j'ai besoin d'un service, je vais consulter la gazette dans la rubrique que je recherche et j'ai la liste de tous les membres qui proposent ce service dans ma zone, avec leurs coordonnées, étaille Liliane Macrésy, adhérente de RéuniSEL. Je prends contact avec l'un d'eux, nous voyons ensemble s'il peut répondre à ma demande et nous fixons rendez-vous.

Pour Liliane, le SEL représente un véritable échange de savoir-faire. partage de connaissances qui se fait dans un esprit d'entraide, de solidarité. « Comme je maîtrise bien l'outil informatique, je propose de petits ateliers pour les débutants, et  aussi la relecture, la correction et la mise en page de rapports, de mémoires, de lettres diverses », expose-t-elle. échange, la secrétaire est à la recherche d’aide pour des petits travaux de bricolage, pour la plomberie et l’électricité. 

Pour l’heure, une cinquantaine de personnes ont déjà contacté l’association. « Ça montre bien qu’une vraie demande se fait sentir auprès de la population », observe le président de l’association. 

Principe quasiment similaire pour le JEU ou jardin d’échange universel. le SEL, il permet de donner une chose et d’en recevoir une autre en contrepartie. Seule différence, parce que son unité de base est la minute, une valeur connue partout sur la planète, il est universel. Créé en mars 2011, le réseau compterait déjà près de 200 « activ’acteurs ». L’association ArTerre en a assuré la promotion lors du dernier EcoFestival, à Bras-Panon, en novembre dernier, tout en lançant son propre système d’échange, autour du thème l’agro-écologie. « Notre but est de connecter entre eux les gens qui ont choisi l'agro-écologie et des modes de vie plus autonomistes », détaille Mathieu Lebon, animateur agro-écologie de l’association.

Une banque de semences existe déjà, et une vingtaine de personnes sont prêtes à devenir les premiers pivots de ce réseau. « Chaque membre devient un gardien de semences et de savoir-faire dans sa localité, et est actif dans la diffusion de pratiques autour de lui », indique l’animateur. Au-delà du réseau d’échange en lui-même, d’autres initiatives voient le jour. Les projets et les moyens se multiplient permettre aux membres d’échanger non seulement des semences mais également des conseils et ainsi partager leurs expériences.

Jessica FIRMIN

 

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