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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 07:49

« On ne sait même pas pour qui on vote »

 

Ces dernières semaines les candidats ont défilé à La Réunion. Une véritable effervescence sur le littoral. Mais au cœur de l'île, qu'en pensent les citoyens de Mafate ? Se sentent-ils concernés ?

 

mafatepetit.jpgÎlet à Bourse, petit village au centre de Mafate. Ici la quinzaine de familles vit au calme au milieu des montagnes verdoyantes. Une école ; deux boutiques et un gîte. Seules infrastructures dans cet îlet où la nature domine. Le silence est perturbé par le bruit de l'eau ruisselant dans les rivières et l'hélicoptère qui transporte les vivres des habitants. Sur place, les randonneurs profitent de la vue et admirent le rouge fluo des poinsettias. Une impression de sérénité règne, on est loin du tapage médiatique des élections présidentielles.

Assise sur une table près du petit terrain de foot, une femme coiffée d'un chapeau de paille respire l'air pur de Mafate. Tranquille. « Je crois que c'est bientôt les élections », se demande Marie-Gilberte, 34 ans, gérante d'une des deux boutiques. La Mafataise n'a jamais voté pour les élections présidentielles : « Mi porte pas trop attention à la politique ». Mais cette année elle souhaite accomplir son devoir pour donner l’exemple à ses enfants.

Un peu plus loin, un homme torse nu fume sur la terrasse d'une boutique en écoutant un morceau de reggae. Thomas Gerrin, 34 ans, confie : « À Mafate, on ne sait même pas pour qui on vote ». Et d'ajouter : « Les seules personnes qui vont voter sont celles qui pensent que c'est obligatoire ». Le gérant de la boutique a un avis très personnel sur la politique : « Ça fait plusieurs semaines qu'on a demandé à la commune de réparer le toit de l'école et personne n'est venu. La politique ne s’intéresse pas à Mafate, ben nous on ne s’intéresse pas à la politique ».

La nuit tombe sur le cirque. Les marcheurs passent à table. Après une goutte de rhum arrangé, ils dégustent le cari poulet préparé par le propriétaire du gîte, Thomas Jean. À table on parle de la venue de Nicolas Sarkozy. Interpelé par un randonneur sur le sujet, Thomas, répond : « Parle pas moin politique, mi vote jamais, mi connai rien ». Il renchérit : « Nou lé loin de la ville, même si nou regarde zinformations, lé plus compliqué de comprendre ».

Dès l'aurore, certains travaillent déjà. Jean-Max, 33 ans, s'est déplacé d'Aurère pour réparer un bac d'eau bouché. Pour lui, la politique est loin d'être une priorité :« Mi aim pas ! Pareil les gens à la télé lé éloigné et puis mi compren pa tro ». Pourtant, ça ne l'empêchera pas de se rendre aux urnes :« Mi va alé quand même Grand place ou Ilet à Malheur le jour où faudra voter ». Sans doute pour François Hollande ou Nicolas Sarkozy, les seuls candidats connus par les habitants d'Îlet à Bourse.

Julien ANDY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 07:31

Priorités aux jeunes et aux entreprises

 

Mercredi 4 avril, Nicolas Sarkozy a clôturé son séjour express dans l’île par un meeting en plein air sur la commune de Saint-Pierre, à proximité de l’aéroport de Pierrefonds. Face à un public conquis, le président candidat a fait quelques annonces fortes pour l’île, principalement sur l’emploi et pour les jeunes.

 

sarko.jpgSuppression de toutes charges sociales pour l’emploi d’un jeune

Pour l’embauche d’un jeune de moins de 25 ans, l’entreprise se verra exonérer de toutes les charges relatives à ce poste durant 3 ans.  « Je ne connais pas de mesure plus puissante pour résoudre ce cancer qu’est le chômage sur l’île. »

Exonération totale de charge pour tout emploi créé dans les 5 secteurs prioritaires

Les secteurs retenus pour la zone franche globale créée à la Réunion sont : l’hôtellerie, le tourisme, l’agroalimentaire, les technologies de l’information et de la communication et les énergies renouvelables.

Maintien de la défiscalisation économique

Nicolas Sarkozy dit vouloir considérer chaque territoire de la République Française selon ses spécificités. Aussi n’entend-il pas freiner le développement de la Réunion en y appliquant une fiscalité qui ferait fuir tous les investisseurs potentiels.

Aide au retour dans l’île des fonctionnaires réunionnais

Pour les emplois de la fonction publique, à la Commission Administrative Paritaire (CAP) nationale, s’ajoutera une CAP locale. « Les concours auront la même exigence, mais le recrutement se fera prioritairement à la Réunion. » L’objectif est de faciliter le retour sur l’île des fonctionnaires réunionnais qui le souhaiteraient, et d’octroyer les postes à responsabilités aux personnes « pas simplement de passage » à La Réunion.

Création d’un fond dédié aux très petites entreprises

Pour que les petits entrepreneurs ne subissent plus systématiquement la méfiance des banques, Nicolas Sarkozy annonce qu’il créera un fond. Les sociétés de de moins de 20 salariés pourront y recourir pour contracter un emprunt jusque 20 000 euros.

Développement de la production locale

À propos de la problématique des prix et du pouvoir  d’achat dans l’île, le président candidat a expliqué que le panier des 60 produits contre la vie chère est une mesure temporaire. « Ce système ne proposera pas toujours le bon prix aux Réunionnais, ainsi trop souvent ils paieront plus qu’ils ne doivent. »

Nicolas Sarkozy propose de miser sur la production endogène et son développement. Outre le défi aux producteurs, notamment aux agriculteurs, Nicolas Sarkozy prévient que les distributeurs devront y mettre du leur « Si l’on observe des tarifs abusifs dus à un monopole sur une période excédant 6 mois, le fond de commerce sera vendu »

Accompagnement scolaire personnalisé

Si l’application de cette mesure sera nationale, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que l’île en serait une grande bénéficiaire. Pour tout élève en situation d’écher scolaire, l’établissement se verra attribuer un budget de 2 OOO euros permettant la mise en place d’un soutien personnalisé durant toute l’année scolaire.

Hadrien FAIVRE

 

 

La France forte et populaire

A proximité de l’aéroport de Pierrefonds, mercredi 4 avril à 17h, s’est tenu le meeting du candidat Sarkozy. Ces rendez-vous de campagne présidentielle sont souvent jugés selon leur capacité à attirer du monde. Pari réussi, avec près de 10 000 militants présents, les organisateurs affichaient une mine satisfaite. Dans une ambiance bon enfant, les drapeaux tricolores flottaient au rythme des percussions « maloya » précédant l’arrivée des orateurs.

Avant le discours de Nicolas Sarkozy, trois figures de la droite locale se sont succédé au micro. A commencer par l’hôte de l’événement, Michel Fontaine, sénateur maire de Saint Pierre. Suivi de René-Paul Victoria, député. Avant que Didier Robert, président du Conseil Régional de la Réunion et député, ne chauffe définitivement la foule pour son ami Sarkozy, en rappelant toutes les avancées de son quinquennat.

Quand vient le tour du président, l’attention et l’excitation montent. Les annonces semblent être à la hauteur des attentes, les uns se réjouissent à l’idée que leurs enfants trouveront du travail, des chefs d’entreprise présents confirment que l’application des annonces leur permettra d’embaucher...  

Après environ une heure d’exposé, le candidat Sarkozy savoure une Marseillaise reprise avec ferveur par ses militants, avant de quitter la scène et la Réunion satisfait de son escale outre-mer de cette campagne 2012.

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 08:55
Le méli-mélo du centre

 

François Bayrou, candidat du Modem à la présidentielle, aura fort à faire pour rallier les voix centristes à La Réunion lors de sa venue le 7 avril prochain. A part Thierry Robert, peu s’élèvent ici pour soutenir celui qui est arrivé troisième en 2007.

 

« Il y a enfin un centre en France : un centre large, un centre fort, un centre indépendant », martèle François Bayrou euphorique, au soir de l’élection présidentielle de 2007 où il a créé la surprise. Troisième avec près de 19% des suffrages, il entend incarner une nouvelle ligne politique, celle du centre. Mais qu'est-ce qu'un homme du centre ? Est-il de centre-droit ou de centre-gauche, démocrate chrétien, social-démocrate ou social libéral ? Pour Thierry Robert, délégué départemental du Modem, c’est, sans surprise, aller au-delà du clivage gauche-droite. Mais à une seule condition : « Que les masques tombent ». « Si Cyrille Hamilcaro ou Stéphane Fouassin, reconnaissent François Bayrou comme l’unique candidat du centre, alors je travaillerais avec eux », affirme l’édile saint-leusien. Thierry Robert vise les deux élus, membres du Nouveau Centre. « Ce parti n’a de centre que le nom. Soyons clairs, pour moi ce n’est qu’un sous-marin de l’UMP ». Un avis partagé par Ibrahim Dindar, chef de file de la Droite sociale. « Comment Stéphane Fouassin peut-il se réclamer du centre alors qu’il a l’investiture UMP dans la 5e circonscription pour les prochaines législatives ? », s’interroge-t-il.

 

« Le Nouveau Centre n’est qu’un sous-marin de l’UMP »

 

Thierry Robert et Ibrahim Dindar voteront Bayrou pour la prochaine présidentielle. Ce n’est pas le cas de Stéphane Fouassin, président du Nouveau Centre 974, qui ne votera « jamais» pour le candidat Modem. En cause ? Son manque de légitimité. « Comment ose t-il affirmer qu’il est du centre alors qu’il a quitté l’UDF en 2007 pour créer le Modem ? », proteste le maire de Salazie, avant de reprendre : «Au Nouveau Centre, nous sommes dans la lignée historique du parti, à savoir le centre-droit ». Dans ce contexte, François Bayrou ne peut rêver d’union des forces centristes à son arrivée à La Réunion, même si « l’Union des Centres » regroupe depuis décembre le Modem et la droite sociale, des sans-étiquettes et des personnalités divers-droite telles qu’André Thien-Ah-Koon ou encore Bachil Valy… Mais pas le Nouveau Centre. « Pas de négociations avec les autres forces tant qu’elles glisseront vers la gauche ; on ne peut pas jouer au grand écart. Quand on est au centre, on est au centre », conclut Stéphane Fouassin sans broncher.

 

Samuel IRLEPENNE

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 11:59

Le programme réunionnais des 10 candidats

 

À 18 jours de l’élection présidentielle, la campagne s’intensifie. Les programmes des candidats se peaufinent et les propositions pleuvent. Tour d’horizon des propositions des dix candidats pour La Réunion.

 

progpolOK.jpgJean-Luc Mélenchon, candidat Front de Gauche

- L’autosuffisance alimentaire permettrait de développer l’emploi tout en corrigeant les problèmes de vie chère.

- Changer le système de santé en instaurant un remboursement à 100 % pour toutes les dépenses de santé.

- Le SMIC à 1700 euros. Un moyen de redonner du pouvoir d’achat. Pas d’explication en revanche sur où trouver les moyens financiers nécessaire pour mener à bien cette mesure.

 

Muriel Matéya, présidente du Conseil des femmes du Parti Socialiste Réunionnais

- Casser les systèmes de monopoles et permettre aux élus d'établir les budgets en complète adéquation avec les problèmes spécifiques de chaque territoire.

- Créer un contrat de génération pour permettre l’embauche, en CDI, de jeunes accompagnés par un salarié plus expérimenté. Les entreprises signataires seront exonérées du paiement des cotisations sociales pendant 3 ans pour chaque contrat de génération.

- Créer 150 000 emplois d’avenir en priorité dans les quartiers populaires.

 

Norman Charles, membre de l'équipe de campagne de Nicolas Dupont-Aignan

- Mettre en place un protectionnisme intelligent pour lutter contre le chômage de masse et la désindustrialisation. Il faut s'appuyer sur les richesses naturelles et protéger les productions locales.

- Créer un fonds d'investissement spécifique pour le développement endogène de l'outre-mer, financé par la Caisse des dépôts et consignations.

- Casser les monopoles pour lutter contre la vie chère. C'est à l'Etat qu'il reviendra de fixer le prix plafond de l'énergie, des denrées alimentaires et des services tels la téléphonie et la connexion internet.

 

Michel Lagourgue, Président du MoDem réunionnais

- Faire de La Réunion un laboratoire énergétique, en alliant le développement durable au non polluant et régler le problème du transport par un système guidé tel que le rail.

- Mise en place d'états généraux sur le thème de la vie chère. Créer un bouclier santé pour lutter contre l'absence de soins en raison de cette cherté. Et étendre les zones franches (exonérées de fiscalité) pour favoriser l'emploi.

- Proposer au référendum un moratoire de la vie publique afin de prendre en compte le vote blanc, mettre fin au cumul des mandats, réduire le nombre de députés, revoir le système de nomination des hauts fonctionnaires.

 

UMP

- Conforter la place de l'outre-mer au sein de la République française. Promouvoir l'attachement et les liens entre l'outre-mer et l'hexagone et assurer le renforcement de la continuité territoriale, poursuivre la modernisation.

- Un nouveau modèle de croissance et de développement. Conforter une croissance économique endogène en renforçant la collaboration avec les élus locaux.

 

Jacques Cheminade

- Entreprendre une révolution agraire pour une juste répartition des terres et favoriser l'installation des jeunes ; supprimer les taxes sur les intrants agricoles et imposer une préférence douanière.

- Exiger au sein de l’Union européenne la reconduction du régime de l’octroi de mer pendant au moins dix ans après 2014, pour alimenter les rentrées fiscales.

- Taxer fortement les monopoles de la grande distribution et d’importation de produits pétroliers et Fixer un SMIC en fonction du coût réel de la vie.

 

Jean Claude Otto-Bruc Secrétaire départemental FN de la Réunion

- La suppression de l’octroi de mer. Cette taxe sur les produits importés sera supprimée pour les produits qui ne concurrencent pas la production locale.

- Non à la nouvelle route du littoral, oui au taillage de la falaise, effectué par les entreprises réunionnaises et qui ne perturbera pas la circulation. Les roches extraites serviront à réaliser la voie du Tram-Train.

- Augmentation de 200€ des salaires inférieurs à 1 500€. Pour développer l’économie et l’emploi mais aussi permettre de redonner goût au travail aux Réunionnais.

 

 Jean-Alain Cadet Secrétaire régional Europe Écologie Les Verts Réunion

- Autosuffisance alimentaire à 90% dans 10 ans. Ne plus calquer son alimentation sur celle de la grande consommation. Et consommer vers les pays voisins de l’Océan Indien pour ce que l’on ne peut pas produire.

- L’autonomie énergétique d’ici 2030. Aider les particuliers à investir dans le solaire et aider les entreprises à s’orienter sur les secteurs du solaire ou de la géothermie.

- Un projet pour le rail. Pour ne plus condamner les Réunionnais à la voiture, l’alternative propre c’est un tunnel sous la montagne, parallèle à la route du littoral et le déploiement d’un réseau ferré.

 

Yoga Thirapatchi, Représentant du NPA

- Développer l’économie locale. Ne plus baser le développement économique de La Réunion sur une économie de marché. Développer les secteurs de l’agriculture, des énergies renouvelables et de l’environnement par exemple.

- Aller vers l’autosuffisance alimentaire. Le manioc et autres racines, les fruits, et même le riz peuvent et doivent être produits. Limiter progressivement la canne à sucre pour développer une agriculture vivrière.

- L’égalité homme-femme. La parité homme-femme dans les services institutionnels (Région, Département, communes) ainsi que l’égalité des salaires. Il faut favoriser l’éducation des femmes, leur permettre d’accéder plus facilement à l’emploi pour qu’elles puissent s’émanciper.

 

Didier Lombard, militant Lutte Ouvrière

- Répartition du travail. La fin des heures supplémentaires, sans baisser les salaires. Les remplacer par de nouveaux emplois. Ce qui réglerait en parti le problème du chômage à La Réunion.

- Augmentation des salaires. Pas de salaires inférieurs à 1 700€ net. La fin des contrats précaires: CDD et temps-partiels. Les salaires, ainsi que les retraites et les pensions, doivent augmenter au même titre que les prix.

- Création d'emplois publics. Dans le secteur de la santé pour subvenir au manque de personnel dans les hôpitaux réunionnais. Dans l'éducation pour pallier à illettrisme. Et dans le secteur de l'énergie verte.

 

Céline MONTÉCOT

Guillaume PERROT

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 11:54

Mélenchon ne sourit pas aux journalistes

 

Le 25 mars, Jean Luc Mélenchon, eurodéputé et candidat du Front de gauche à la présidentielle, fait une visite éclair à la Réunion. Il n’est toujours pas plus aimable avec les étudiants en journalisme.

 

S’il y a un homme politique décrié dans sa relation avec la presse, c’est bien le candidat du Front de Gauche. Entre ses interviews polémiques, et ses interventions musclées sur les plateaux télé, Jean-Luc Mélenchon est connu pour son franc parlé, parfois un peu trop franc. Une attitude qui ne lui nuit pas pour autant. En témoigne le nombre impressionnant de journalistes présents à l’aéroport Rolland Garros pour l’accueillir. Une véritable « cohue », comme le dit si bien celui qui est considéré comme le 3ème homme dans les sondages. Une foule prête à toutes les bousculades entre confrères pour lui arracher quelques mots, et laissant peu de place à la soixantaine de militants également présents. « Ne vous laissez pas piétiner par ces photographes, je ne suis pas là pour eux », déclarera quelques heures plus tard Jean-Luc Mélenchon lors de son discours à la Halle des Manifestations du Port.

 

Un candidat peu accessible

 

Durant son passage à la Réunion, celui qui affirme qu’il sera le dernier président de la Vème république, est finalement apparu très peu accessible à la presse locale. Mises à part ses interventions sur les plateaux des JT d’Antenne Réunion et Réunion 1ère, il a juste répondu à quelques questions au Port, le temps d’un point presse, largement monopolisé par les médias nationaux présents. Et si les journalistes réunionnais ont bien tenté de franchir la barrière dressée par son staff de campagne, ils se sont vite fait corriger par sa responsable communication. Peu imposante de carrure, mais bien présente par la voix. Pour preuve notre vaine tentative. « Ah ! Un étudiant en journalisme », répond-elle à cette demande d’interview. Les yeux tournés vers le ciel, tout en poussant un gros soupir. Pas besoin d’analyse pour comprendre. « Pas le temps » ajoute-t-elle. Le douloureux souvenir qu’a laissé sa rencontre avec un étudiant du CFJ que Jean Luc Mélenchon avait traité avec tact de « petite cervelle » y est peut-être pour quelque chose.

 

Antoine VASSAS

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 14:12

Invasion de candidats à La Réunion

 

Les candidats à la présidentielle se bousculent dans l’île. Après Marine Le Pen, François Hollande et Nicolas Sarkozy viendront mener campagne le 31 mars et le 4 avril. Le PS et l’UMP s’organisent.

 

Des relations intenses nouées entre l’équipe de François Hollande et celle du PS local ; deux staff chargés d’organiser la visite dans l’île du candidat les 31 mars et 1er avril prochains ; une préparation mobilisant dix personnes. « Nous multiplions les échanges avec eux », commente Didier Annette, collaborateur de cabinet et fils du maire de Saint-Denis.

Gilbert Annette, sous sa casquette de premier secrétaire départemental PS, chapeaute l’organisation du séjour. Son équipe propose des lieux de meeting et s’occupe de la communication et de la sécurité. Le relais passe aussi auprès des élus socialistes de l’île. « Pas de place pour le hasard », décrypte Didier Annette, chargé de mobiliser bénévoles et militants. Les dépenses sont elles intégrées aux comptes de campagne du PS.

Pour la prise de décisions, l’état-major du candidat a le dernier mot. «L’équipe Hollande fait ses choix », avoue Philippe Naillet, chargé de la communication du PS à La Réunion. Les thèmes retenus pour la visite seront arrêtés avant l’arrivée de François Hollande.

Pas de visite-éclair

Chef de la délégation Hollande, Marc Vizy était sur place le 12 mars comme éclaireur. Son rôle, peaufiner les derniers détails de la séquence. « Il a choisi les lieux de meeting du candidat », livre Didier Annette. Le grand meeting aura lieu le 31 mars au parc des expositions de Saint-Denis. Le PS table sur 5000 personnes. Didier Annette annonce aussi « un tour de l’île le 1er avril qui comportera des arrêts, car le candidat ne veut pas se contenter d’une visite éclair ». Probablement à Saint-Benoît chez Jean-Claude Fruteau et à Saint-Joseph, chez le député-maire Patrick Lebreton. Là où 2 000 personnes, en octobre 2006, avaient applaudi Ségolène Royal, future candidate à l’élection de 2007.

François Hollande espère sans doute faire aussi bien que son ex-compagne, qui avait rallié les voix de 242 231 Réunionnais au second tour. Et Philippe Naillet de prédire que « le prétendant à l’Élysée ira au contact et ne restera pas cloîtré ...Comme d’autres.»

En face, à l’UMP, la préparation semble démarrer plus timidement. Nicolas Sarkozy a avancé son séjour au 4 avril alors que son arrivée était prévue le 7, pour éviter de croiser François Bayrou, le candidat du Modem. Il ne souhaitait pas non plus passer juste après son rival socialiste. La séquence ne durera donc qu’une journée.

Concernant le programme de la visite, peu de détails ont filtré. Les ténors de la droite, le sénateur-maire Fontaine et Didier Robert, s’activent. Le président de la Région a officialisé le 14 mars le soutien du mouvement Objectif Réunion au candidat Sarkozy. Objectif Jeunes a fait de même. Michel Fontaine a été reçu à l’Elysée le 15 mars. Après son entrevue, le sénateur Fontaine a indiqué « que le président fera des propositions pour l’île.» Yves Ferrières, secrétaire départemental UMP, était lui aussi à Paris pour préparer la venue du chef de L’Etat. Mais concède « que rien n’a vraiment été acté.» Une délégation de Nicolas Sarkozy est attendue sur l’île pour affiner…

Thomas SELLY

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 10:18

Ambiance délétère au PCR. Après l’épisode fratricide Gironcel-Pausé à Sainte-Suzanne, le parti de Paul Vergès livre à Huguette Bello une véritable guerre. Les griefs à l’égard de la députée-maire de Saint-Paul ? Ne pas avoir soutenu le PCR aux régionales de 2010 mais surtout lors des sénatoriales, quand Paul Vergès était candidat.

 

D’où le parachutage de Jean-Yves Langenier sur les terres de la camarade Bello où elle est députée depuis 1997. Le but ? La pousser dans la septième circonscription.

 

Insoumise, l’enfant terrible du parti a maintenu sa candidature. Dans la foulée, son excommunication a été prononcée par le bureau politique du PCR. Une stratégie frontale pensée par un noyau dur, les Vergès, Hoareau et Yee Chong Chi Kan. Dans leur esprit, laisser les coudées franches à Huguette Bello, ce serait oblitérer les chances de Pierre Vergès à succéder un jour à son père.

 

Mais en attaquant la personnalité préférée des Réunionnais, le clan Vergès prend un pari. Un gros, car en cas de victoire d’Huguette Bello aux législatives, c’est un coup de grâce politique qui lui serait porté. La députée-maire aurait alors toute latitude pour refondre le parti communiste et en prendre les destinées.


Thomas SELLY

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 06:30

De la pauvreté à la lutte sociale

À 45 ans, Jean-Hugues Ratenon est l’une des figures emblématiques de la lutte sociale réunionnaise. Président de l’ARCP (l’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté), il est intarissable sur son combat; mais moins sur sa vie privée.

 

 Photo ratenon

 « La pauvreté pour moi c’est du vécu », ces mots de Jean-Hugues Ratenon  expliquent son combat  pour une société réunionnaise « plus égalitaire ». Né à Saint-Benoît dans une famille de sept frères et sœurs, ce petit-fils d’une ancienne engagée est issu d’une famille modeste. «  Mon père décédé, était agriculteur, colon dans la canne à sucre et ma mère femme au foyer. Aujourd’hui elle vit du minimum vieillesse » insiste-t-il. Après avoir obtenu  son bac électrotechnique au lycée Jean Perrin de Saint-André, le militant effectue une formation à la chambre de Commerce et d’industrie comme agent de technique en automatisme. Par la suite, il entreprend son service militaire chez les « paras » à Saint-Pierre. Le Bénédictin entame également une autre formation en système de froid et climatisation dans l’hexagone par le biais du CNARM (Comité National d’Aide et d’action pour les Réunionnais en Mobilité). Peu adaptable au climat européen, en 1993, il retourne dans son île natale et connaît deux ans de chômage.

 

Problème de l’emploi, du logement, de la vie chère. Jean-Hugues Ratenon veut « bouger les choses ». Il décide de créer le MCP, (mouvement chômeurs panonnais) qui met en place des projets d’insertion professionnelle. Mais c’est en 2002, lors de l’annonce de la suppression des emplois jeunes que le président de l’ARCP se fait connaître. En effet, entouré de jeunes en détresse, il se bat pour le maintien de l’emploi, il évoque deux personnalités fortes qui l’ont influencé : le père René Payet et le père Cardonel, deux grande figures de prêtres contestataires de l'histoire politique réunionnaise. De cette action est né le collectif « emploi en danger ». Persistant dans cette lutte acharnée, le « défenseur des Réunionnais » étend son mouvement sur toute l’île, le MCP devient l’association « Agir pou nout tout », « le moteur de la lutte réunionnaise » selon lui. En 2009, c’est la création de l’ARCP, le Bénédictin prend la présidence de l’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté. Mais pourquoi un tel engagement ? À cette question Jean-Hugues Ratenon parle d’abus, de mépris, de domination. Selon lui : « Il faut que tout le monde trouve sa place à la Réunion. Ce n’est pas normal que certaines personnes sont dans l’abondance totale, alors que d'autres ne peuvent pas subvenir aux besoins de leurs familles. Il faut de l’emploi pour tous, » affirme-t-il.

 

 Adhérent au parti communiste, qui le lui rend bien, Jean-Hugues Ratenon est également  chargé de mission pour K.O.I (Kanal Océan Indien) et Témoignages, deux organes de communications du PCR. Difficile de savoir son salaire exact, il évoque une fourchette « entre 1500 et 2000 euros par mois ». Face aux émeutes qu’a connues la Réunion dernièrement, il donne son avis : « Quand le préfet dit que la récré a assez duré, c’est une forme de violence aussi. Donc ils répondent par la violence. Mais c’est dommage d’en arriver là. » Impression de déjà vu.

 

 Michèle Jean François

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 16:08

La vérité si je mens

 

Nouveau membre du Front national péi, Élie Taiëb, 47 ans, est déjà une des figures principales de la représentation locale du FN. Candidat aux prochaines élections législatives, il défend avec une énergie militante ses convictions. Parfois avec force et virulence. Normal : dans la communauté Le Pen, il n’y a pas de place pour les mauviettes.

 FN_allege.jpg                     

« J'ai jamais dit "gazez les !",…, moi, Danyel Waro, le gars avec son tam-tam, je n’avais jamais entendu parler de lui , …, tous les autres partis sont des manipulateurs » : le ton, encore une fois musclé, est donné. Le secrétaire adjoint départemental du FN-974 a réponse à tout. Et se défend : il se considère comme un vrai démocrate et la flamme de l’emblème de son parti n’a rien de fasciste. Ce natif de Paris, arrivé à La Réunion en 2006, et juif « non pratiquant » d'origine tunisienne, est issu d'une famille de douze enfants. « J’ai également un beau-frère ivoirien » croit-il utile de préciser. La preuve qu’il n’est pas raciste, martèle-t-il encore.

 Venu chercher un peu de tranquillité, il devient aussitôt commerçant, et côtoie ainsi les Réunionnais qu’il dit beaucoup apprécier. Parmi les raisons qui expliquent son exil, l'insécurité grandissante, « en métropole, on ne peut plus circuler sans avoir sa porte verrouillée », s'indigne ce père de deux enfants. Aujourd'hui, il est directeur administratif d'une entreprise informatique, et gagne 1500 euros, avec plus de dix-sept métiers à son actif : bâtiment, commerce, garage, peinture, tôlerie, etc. Son cursus scolaire n’a pas été  exemplaire, « j'ai arrêté en cinquième, parce que l'école n'était pas pour moi » se conforte-t-il. L’ancien gamin qui a grandi dans le 19earrondissement à Paris, se définit comme un « entrepreneur ». C'est sur sa compétence d'« autodidacte », que va alors reposer son parcours professionnel. 

     Un itinéraire qui le conduira à mener des actions contre les abus bancaires, et à entrer au Front national, « depuis peu de temps mais ça fait longtemps que ma femme, d’ailleurs d’origine roumaine, est adhérente ». C'est en octobre dernier, lors d'une réunion du parti, qu'Élie Taiëb est convaincu par les idées et les projets lepénistes. Et s’il s’insurge contre les aides que l’État apporterait indûment aux cultes musulmans, s’il condamne les prestations sociales « indécentes » versées à ces mêmes « étrangers », il affirme qu’il n’a rien contre les « musulmans dès lors qu’ils sont de nationalité française ». De même s’il considère que dans un pays « de tradition chrétienne », il trouve qu’il est plus normal d’entendre les sons de cloches des Églises que les appels du mezzin,  il rappelle qu’on peut voir « des gens de toutes les couleurs aux réunions du FN ». Ambiance.

A la question de l’éventuelle instrumentalisation de ses propres origines par le FN, celui qui tutoie « Marine » balaie encore l’argument : « J’ai eu une conversation téléphonique avec Jean-Marie Le Pen qui m’a dit regretter l’épisode du "détail" de l’histoire ; il m’a expliqué qu’il a simplement voulu mettre en relation les millions de morts, évidemment condamnables, de juifs pendant la Shoah, avec les millions de tués durant les guerres de ce XXe siècle ». Et Elie Taiëb d’ajouter que s’il avait eu le moindre soupçon d’antisémitisme à l’encontre de son parti, il s’en serait retiré immédiatement… Vous avez dit dé-diabolisation… ?  

On en revient au FN, à sa « différence avec les autres », « ceux qui gagnent de l'argent, ce sont les politiques…, s'il y avait rien à gagner, pensez-vous qu'ils se seraient battus pour un siège » faisant référence à l'affaire Bello dans la seconde circonscription.

En attendant, il ne doute pas que les idées de Marine Le Pen triompheront en mai. Il est convaincu que le FN est volontairement sous-estimé dans les sondages des présidentielles avec « beaucoup plus que 17% des intentions de vote ».  Mais le problème, selon lui, réside dans la connivence entre les partis, connivence à laquelle contribuent « les journalistes complices ». Au détriment des vraies valeurs : celles « du peuple » bafouées en permanence par les « pourris ». Toujours la théorie du complot…

 

Michaël Rivière 


Militant FN, une activité dangereuse…

 Elie Taiëb (à gauche sur la photo, avec Jean-Claude Otto-Bruc, secrétaire départemental) se méfie des « traquenards ». Il se déplace accompagné des membres de son parti, surtout depuis qu'un étudiant est venu se jeter sur le toit de sa voiture, protestant contre le FN, « Je ne suis pas Jésus (sic !), j’ai failli répondre avec mes poings »…  (Photo L.C.)

 

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 09:13

« Les musulmans, je les aime chez eux »

 

Le FN 974 a reçu la visite, la semaine dernière de Jean-Michel Dubois, secrétaire national du parti. Quel discours tiennent les frontistes sur les immigrés ? Varangue s’est rendu incognito à l’une des rencontres avec les sympathisants d’extrême-droite.

 

 

FN 974 PETITIls ne sont pas nombreux ce samedi sur le front de mer de Saint-Pierre, à assister à la réunion organisée par Jean-Michel Dubois, secrétaire national, directeur administratif, trésorier de la campagne de Marine Le Pen. Dans une salle attenante à l’agence de voyage Transcontinent, une vingtaine d’hommes et seulement deux femmes discutent politique. Tout le monde en prend pour son grade, aussi bien la gauche que la droite. Un des sympathisants fait passer une feuille plastifiée sur laquelle est reproduit un discours du général de Gaulle, datant du 5 mars 1959. Des propos qui fustigent l’intégration : « Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français ». « Vous voyez, ça vient pas que de nous ces idées là ! », lance le propriétaire du document.

Jean-Michel Dubois prend place à côté du secrétaire régional du FN974, Jean-Claude Otto Bruc. Le secrétaire national rappelle à quel point il est proche de Marine et Jean-Marie Le Pen, puis distribue le programme du Front National pour la Réunion. A peine quatre pages sur lesquelles sont listées quelques constats et solutions. Rien de très polémique contrairement à ce qu’on aurait pu penser : essentiellement des propositions économiques comme la suppression de l’octroi de mer, ou la limitation du libre échange.

Vient ensuite le temps des questions, et là le public s’en donne à cœur joie. « Qu’est-ce qu’on va faire pour les étrangers ? Ils font des gosses et des gosses, et se font un gros salaire grâce aux allocations… », s’interroge une dame au premier rang. Jean-Michel Dubois ne se fait pas prier pour répondre : « Je pense qu’on devrait donner les allocations uniquement aux vrais Français ». Qui sont-ils ? « Ce sont ceux dont les parents, et les grands-parents sont nés dans notre pays, et qui se sont battus pour la France. C’est tout de même normal qu’ils aient plus d’avantages que les autres ! ». Jean-Michel Dubois va même plus loin. Non seulement les étrangers ne toucheraient rien, mais devraient également contribuer pour les autres.

 

Marine Le Pen bientôt à la Réunion

 

Au fond de la salle, un homme s’indigne : « J’en ai marre d’être obligé d’acheter du halal tout le temps ! On ne trouve plus que ça ». Il vient d’allumer la mèche. Pendant plus de 30 minutes, les anecdotes se suivent et se ressemblent. « Quand j’ai pris l’avion, il y avait marqué sur le menu, garanti sans porc. Et si moi j’ai envie de manger du porc, ça me concerne non ? » témoigne le trésorier de campagne de Marine Le Pen. « Les musulmans, je les aime bien, mais quand ils sont chez eux », ajoute un retraité. Les sujets abordés sont essentiellement antimusulmans, et visent les communautés mahoraises ou comoriennes à la Réunion, davantage que les « zarabs ». De la délinquance, jusqu’au chômage, selon le FN, les étrangers sont responsables d’une bonne partie des maux de la France comme sur notre île. Ce n’est malheureusement pas une surprise avec ce parti.

Durant plus de deux heures de réunion, Jean-Michel Dubois a tenté de convaincre que Marine Le Pen peut être la prochaine présidente de la République. Une tâche difficile, la structure se relève à peine, après plusieurs années de sommeil et n’a jamais su convaincre les électeurs réunionnais. La patronne du Front national est attendue à la Réunion en février. D’ici là le FN974 compte installer une permanence à Saint-Denis.

 

 

Antoine VASSAS

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