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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 14:00

Payer ses courses avec Maître Yoda

Afficher ses petits-enfants ou son compagnon sur sa Master Card... Aujourd'hui, on peut customiser sa carte à puce avec des illustrations soumises par les banques ou ses propres photos.

 

Jérémy Damour, 24 ans, est un fan de science-fiction. Une passion qui se voit sur les tee-shirts qu'il porte, mais aussi sur sa carte bancaire ! Client à la Bred, l'étudiant possède depuis quelques mois une Master Card à l'effigie de Maître Yoda, l'un des héros de Star Wars. « J'ai découvert ce service en allant déposer un chèque à mon agence », confie-t-il.

Si Jérémy a choisi un visuel dans le catalogue proposé par sa banque, il est également possible d'opter pour des cartes plus personnelles. Photos de son chien, de ses proches, de ses dernières vacances... Rares sont les demandes refusées. « Nos clients doivent s'engager à être l'auteur des images qu'ils souhaitent sur leur carte », précise Karine Wani , conseillère à la Bred.

Autres obligations pour le client, souscrire au service Bred & Moi et posséder une Master Card. « J'ai fait une simulation sur le site internet, et je suis passé à ma banque une semaine plus tard récupérer ma nouvelle carte », ajoute Jérémy. Coût de l'opération pour le jeune dionysien, huit euros.

 

« Un objet de collection »

 

« Nous traitons chaque mois une dizaine de demandes environ », estime Karine Wani. Un chiffre encore timide car le service reste peu connu du public. Parmi les illustrations les plus sollicitées, on retrouve les animaux, les paysages et la série Marilyn Monroe. Selon la conseillère, « une majorité de femmes souscrit au service Bred & Moi ». Pour Jérémy, sa carte de Maître Yoda ne change en rien ses actes d'achat. « Je suis plus souvent tenté de la sortir de ma poche, mais je reste raisonnable », admet-il.

Et d'ajouter qu'il a tout de même fallu débourser quelques euros pour changer sa Visa Electron contre une Master Card. Après les figurines, les t-shirts ou autres goodies, sa carte bleue vient désormais s'ajouter à « ses objets de collection ». « Et puis ça fait sourire quelques caissiers ! » plaisante le jeune geek. Pour le moment, seules quelques banques de l'île ont mis en place ce service, comme la BFC.

 

Gaëlle Guillou

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 11:57

Ils ne pourront plus choisir où s’installer

 

Un arrêté publié en janvier oblige les kinésithérapeutes à vérifier si la zone où ils souhaitent s’installer est ou non sur-dotée. Les syndicats protestent, même si, à La Réunion, la mesure ne devrait pas avoir trop d’effets.

 

Vous venez d’avoir votre diplôme et projetez de vous installer dans ce joli petit local en centre-ville ? Désolés, la zone a déjà son quota de kinésithérapeutes, il va falloir chercher ailleurs.

Le ministère du travail de l’Emploi et de la santé a souhaité légiférer sur cette profession pour  « rééquilibrer l’offre de soins ». Car en France, certaines zones sont « sur-dotées » en masseurs-kinésithérapeutes et d’autres « sous-dotées ».

Une réglementation qui ne fait pas l’unanimité dans le corps syndical comme l’explique Loïc Cadin, de Force ouvrière Paris : « C’est un gros coup de ciseau dans le côté libéral de notre profession ».

Pour faciliter l'installation de ces professionnels du muscle et de la rééducation en périphérie urbaine, l’arrêté prévoit cependant un volet incitatif. Là encore, le syndicat objecte : « On offre 5800 euros aux kinés pour ouvrir un cabinet dans le trou du cul du monde, mais s’il n’y a ni médecin, ni hôpital, ni pharmacien autour, personne n’ira, et c’est bien normal ».

Le fameux découpage de zones vient à peine d’être proposé par chacun des Ordres aux Agences régionales de santé, lesquelles doivent les valider. À chaque zone son offre de soins, calculée au prorata du nombre d’habitants, par rapport aux heures effectuées par les kinés.

L’île compte 1253 praticiens de la discipline. « La Réunion ne devrait pas être inquiétée, il n’y a vraisemblablement pas de zones "sur-dotées" ici », confie Alain Choulot, président de l’Ordre des kinés de l’île.

En revanche, en métropole, plusieurs zones sont soupçonnées de « sur-dotation » comme la Seine-Saint-Denis, l’Ile de France et certaines régions du Sud comme Midi-Pyrénées. Murielle Jouat, kinésithérapeute à Toulouse depuis 14 ans, cherche à racheter des parts dans un cabinet. « C’est la course ! Une zone "sur-dotée" signifie que la patientèle y est abondante. Dans ces zones, il faudra attendre qu’un kiné s’en aille pour espérer le remplacer. Il faut s’y prendre tout de suite sinon les prix vont doubler voire tripler ».

La mesure ne devrait s’appliquer qu’à l’horizon 2013. En attendant, à La Réunion, on constate que dans les bas, les cabinets sont installés presque les uns sur les autres, alors que dans les hauts… 

 

Agnès Farrugia

 

* Arrêté du 10 janvier 2012

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 11:53

La moto familiale

 
Les inscriptions féminines au permis moto connaissent depuis deux ans une certaine augmentation. L’activité longtemps considérée au masculin, se démocratise… en famille. Exemple avec les Beis.


Casques et blousons prennent des fleurs ! Selon la Fédération Française des Motards en Colère 974, 10% des motards sur la route seraient des femmes. Mais à la moto école Olivier, à la Bretagne, on compte 40% d’inscriptions féminines, toutes catégories de motos confondues. L’activité se féminiserait, mais « pas par envie de puissance comme les hommes », estime Crystel Beis qui a vu défiler 32 ans de moto dans ses rétros.  Si la Saint-Pierroise s’est mise à piloter de grosses cylindrées, c’est  « pour le simple plaisir de rouler à l’air libre, de mieux sentir ce qui se passe autour de moi ». Elle y trouve également un coté bien pratique : éviter les embouteillages.

Harry Olivier, gérant d’auto école confirme : la plupart des élèves en formation ont plus de 30 ans et « s’orientent souvent vers de petites machines pour pouvoir se faufiler ». Sauf les plus jeunes qui préfèrent passer le permis des gros cubes, «parce que le mari ou le copain fait aussi de la moto, et là c’est surtout le plaisir qu’on cherche, pour aller découvrir l’ile ».

 

Des règles de sécurité strictes

 

Même si dans la famille Beis, deux roues sont surtout synonyme de plaisir on n’oublie pas les règles de sécurité. «  On a une approche beaucoup plus prudente que les hommes, avec un sens plus aigu du danger » affirme la mère de famille. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir encore certaines craintes «  on tremble toujours de voir sa fille prendre le guidon ». Pourtant, Nathalie et ses sœurs ont été sensibilisées très jeunes : ceinture les reliant au conducteur, jeu de cale-pied supplémentaire, gants, casque et jean au minimum… « Je frissonne quand je vois des jeunes passagères vêtues d’un short, et en savate avec un casque pour seule protection. » Pour être tombée une fois, seulement à 50 km/h et avec un blouson, Crystel sait qu’ « elles pourraient s’érafler tout le corps, et on peut pas s’imaginer à quel point ça fait mal ».

Ce qui n’empêche pas la quadragénaire de chercher la vitesse. Parfois. « Ça fait partie du jeu, mais il faut savoir mettre des limites. »  Et la Saint-Pierroise sait s’arrêter : « J’accélère seulement quand il y a personne, surtout sur une longue route, parce que sinon c’est gavant »  avoue t-elle, en évoquant la première cause d’accident en France : la somnolence.

 

Des balades en famille

 

Crystel pilote depuis ses 14 ans, d’abord une mobylette puis une 600 cm3. Mais la passion vient vraiment de son mari, qui l’a encouragée. Et le virus, elle l’a aussi transmis à ses filles. « Je l’ai mise à 4 ans derrière moi » raconte Crystel.

Nathalie est encore une jeune pilote et les balades en famille sont l’occasion pour la jeune femme de 21 ans de s’améliorer « En allant à Cilaos, mes parents m’ont dit : « Avec tous ces virages, si tu sais conduire là, tu pourras conduire partout ». D’ailleurs, tout le monde doit bientôt partir en voyage aux Etats Unis, une visite qui devrait se faire… en Harley Davidson. « Les gens sont curieux de nous voir tout cracra sur les motos typiques du pays qu’on visite, comme avec les Royal Enfield en Inde » se souvient Crystel, « C’est une approche différente : on a eu l’impression d’entrer dans la légende de la moto indienne. »   

 

Sarah BARET

 

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 09:08

Ethylotest : mode d'emploi

 

À compter du 1erjuillet, automobilistes et usagers des deux-roues devront avoir un éthylotest avec eux. Le défaut de possession sera sanctionné par une amende de 11 euros à partir du 1ernovembre.


« Tout conducteur d'un véhicule terrestre à moteur, à l'exclusion d'un cyclomoteur, doit justifier de la possession d'un éthylotest, non usagé, disponible immédiatement » . C’est ce qu’indique le décret paru au Journal officiel du 1ermars dernier. Seuls les propriétaires de cyclomoteurs ne dépassant pas 50 cm3et 45 km/h échappent à cette obligation. Objectif : lutter contre l'alcool au volant, à l’origine de 31 % des accidents mortels en France.

 

A La Réunion, 45% des accidents mortels sont dus à l’alcool. « L’intérêt d’une telle mesure, c’est de sensibiliser les gens pour que chacun puisse auto-évaluer son taux d’alcoolémie avant de prendre le volant », indique Serge Bideau, sous-préfet de Saint-Benoît chargé de la sécurité routière. Pour ce faire, depuis novembre dernier,les éthylotests sont obligatoirement mis à la disposition du public dans tous les bars de nuit et discothèques.

Deux types d’instruments sont proposés aux usagers : chimiques, appelés ballons, et électroniques. Tous deux sont disponibles dans les pharmacies et les stations-services. Le premier, à usage unique, coûte en moyenne 1,50 euro. Pour le second, réutilisable, le prix peut varier en fonction des modèles et des distributeurs, jusqu’à atteindre voire dépasser les cents euros. Certains éthylotests électroniques possèdent même des embouts interchangeables pour pouvoir tester plusieurs personnes sur un même appareil. Il est d’ailleurs conseillé de s’équiper de deux éthylotests : le premier pour s’auto-évaluer avant de prendre le volant, et le second en cas de contrôle.

Mais quelques précautions sont à prendre avant tout achat. « D’abord, vérifier que l’éthylotest présente la certification NF ou CE pour éviter les contrefaçons », précise Daniel Thirel, président du Comité Départemental de Prévention Routière. Autre détail à ne pas négliger, la date de péremption de l’éthylotest. « Il faut aussi veiller à ne pas exposer l’éthylotest à des températures supérieures à 40 degrés », souligne le bénévole.

Pour l’heure, pas de rush du côté des distributeurs. « Nous vendons des éthylotests toute l’année et depuis l’annonce de cette nouvelle mesure il n’y a pas d’augmentation de la demande, constate Lionel Melin, gérant de la station-service Vanikam à Paniandy. Les gens attendront certainement le dernier moment pour s’approvisionner ». Même constat pour Marie-Lyse Lebon, gérante d’une pharmacie à Bras-Panon : « J’ai une commande en cours dont la livraison est prévue le mois prochain ; pour l’instant je n’ai encore eu aucune demande de la part de mes clients ».

Les contrôles débuteront le 1er juillet prochain mais les autorités ont toutefois prévu une période de tolérance avant de verbaliser Le défaut de possession d’un éthylotest ne sera sanctionné par une amende de 11 euros qu’à compter du 1er novembre.

 

Jessica FIRMIN

 


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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 17:59

Défilés en mauvaise posture

 

Talons hauts, maquillage et mini-jupe n’appartiennent plus qu’aux seules jeunes femmes. Beaucoup de petites filles veulent grandir avant l’heure. Un rapport sur l’hypersexualisation, remis au ministère de la Cohésion Sociale et des Solidarités, menace de mettre fin aux concours de mini miss.

 

minimiss2.jpgMini Miss France, Mini Miss Réunion, et « seulement » deuxième dauphine de Mini Miss Nature Créole… A neuf ans, Frideline Mouniama collectionne les titres de concours de beauté comme des poupées. La scène, c’est son domaine depuis deux ans. « J’aime monter sur les podiums pour défiler », raconte-t-elle sous le regard admiratif de maman, Gladys Dalleau. Le salon de la case familiale est décoré des photos et posters de la Mini Miss...

 

Cette passion pour les défilés ne date pas d’hier. La petite Saint-Philippoise adore se mettre sur son trente et un. Le maquillage et les jolies tenues font partie de sa vie de Mini Miss mais aussi de fashion victim. « En soirée, maman me met un peu de brillant à lèvres et du fard à paupière. Et j’adore mettre mes jolies robes de princesse », explique-t-elle. Un maquillage qui reste très léger pour son âge selon sa mère. Le crayon et le mascara attendront encore quelques années. Statut oblige, une miss doit toujours être présentable pour son public. « Les gens la reconnaissent souvent, et ils veulent la prendre en photo », justifie la maman.

 

Une attitude que regrette Odette Poncet, présidente de l’association Femmes Solid’Air. « Certaines mères rêvent que leur petite fille soit la plus belle », soupire-t-elle. La féministe de Saint-André dénonce ce qu’elle nomme une hypersexualisation. Les concours de ce type la dérangent fortement. « Ces élections ne sont ni plus ni moins des moyens de jeter en pâture, des jeunes filles à des prédateursOn propose aux jeunes filles de s’intéresser à leur corps, à leur taille et à la séduction au détriment du reste », critique la présidente. Mais Frideline Mouniama n’est pas du tout d’accord avec ce point de vue. « C’est ridicule. On ne fait pas de passage en maillot de bain », défend la fillette. « Ce n’est pas le concept, mais le nom qui dérange », renchérit Julie Nauche, responsable de l’élection mini miss à La Réunion. La jeune femme précise que ces élections permettent avant tout aux jeunes filles d’expérimenter leur talent. Chant, danse et bien d’autres.

 

Miss et intelligente

 

Selon Odette Poncet, cet intérêt pour la beauté commencerait de plus en plus tôt. Cela pousserait les fillettes à rester des « poupettes » et à négliger leur scolarité. Pourtant, Frideline n’en fait pas partie. Bonne élève, l’icône de la mode n’a aucun mal à concilier l’école et les séances de photos. « On les fait les mercredis ou pendant les vacances », prévient sa mère. En dehors de ces concours de beauté, la Mini Miss pose aussi pour la publicité d’un magasin de prêt-à-porter et est inscrite dans une agence de mannequin. Mais elle reste une petite fille ordinaire, la tête sur les épaules. Mature pour son âge, elle fait la part des choses et a déjà les idées bien arrêtées quant à son avenir. « Je voudrais être hôtesse de l’air ou vétérinaire parce que j’aime les voyages et les animaux », lance-t-elle sérieuse. Elle souhaite également faire de l’humanitaire « pour aider les gens ». Aujourd’hui, du haut de son mètre vingt-trois, Frideline Mouniama espère gagner encore une cinquantaine de centimètres pour réaliser son rêve de petite fille : se présenter à Miss Réunion. Julie Nauche, elle, prévoit de revoir le nom du casting des petites filles. Un casting qui privilégiera davantage les numéros de danse, de chant, ou de gymnastique, plutôt que le seul physique.

 Précilla ETHEVE

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 17:53

Sexuellement actives à 14 ans

 

Si la majorité sexuelle est à 15 ans, certaines adolescentes ne sont pas si patientes. Elles attendent juste « la bonne personne ». Apparemment, elle est plus facile à trouver de nos jours…

 

Le sexe pénètre dans la vie des jeunes de plus en plus tôt. Selon l'enquête Contexte de la sexualité en France (menée par l'Inserm, l'Ined et l'ANRS), l'âge au premier rapport sexuel ne cesse de baisser. En particulier, chez les femmes. L'âge moyen pour la perte de leur virginité tourne aujourd'hui autour des 15-16 ans, contre 20 dans les années 50.

 

Joanne a 18 ans et le pas, elle l’a franchi à 14 ans. « Ce n’est pas l’âge qui compte, argumente-t-elle. Si la relation est sérieuse, qu’on aime l’autre personne, pourquoi ne pas aller plus loin ? Les filles de mon âge sont rarement vierges. Les mœurs se relâchent. C’est toujours quelque chose d’important, mais moins qu’avant ». Pourtant Joanne regrette sa première expérience. Non pas pour sa précocité, mais pour la brièveté de sa relation : « Je ne suis restée que trois mois avec lui. J’étais tellement amoureuse et il insistait pour qu’on le fasse ».

 

D’où vient la pression ?

 

La plupart ne considère pas le fait d’avoir perdu sa virginité comme un fait d’arme. « C’est quelque chose de personnel, les filles ne vont pas se mettre la pression entre elles. Si la relation n’a pas marché, elles ne sont pas trop fières. Elles n’en parlent pas », relate Karen, une Dionysienne de 16 ans. Selon Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’Inserm, l'entrée plus précoce des jeunes filles dans la vie sexuelle correspond à l'évolution de leur statut. « Les filles sortent plus jeunes, elles ont accès au travail, aux études, elles prennent de l’autonomie. Elles tendent de plus en plus à être l'égal des hommes. »

 

La pression viendrait justement des garçons. Ces derniers seraient plus enclins à « se charrier » entre eux. Ils seraient plus pressés de se « débarrasser de leur virginité ».

 

Nicole Florentiny, psychologue à Saint-Denis, analyse cette tendance comme un fait de société. « Les enfants montrent un manque troublant d'informations sur la sexualité. Ils comblent ce vide avec Internet ou la télévision qui banalise l’acte sexuel. »

 

Ces jeunes filles, qui deviennent si tôt des petites femmes estiment être assez matures. C’est leur choix et leur libre arbitre. Elles en sont presque sûres.

 

Anne-Lorraine MOTTARD

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 18:19

Militante un jour, bénévole toujours

 

82 ans et toujours pleine d’énergie à revendre. Cette petite dame coquette mène, tambour battant depuis 30 ans, une lutte « acharnée » pour le respect des droits de la femme.

Therese-Baillif-bis.jpg
Celle dont la carrière fulgurante n’est plus à découvrir, est née aux Avirons et a commencé à travailler très jeune. L’engagée associative explique avoir quitté le giron scolaire de l’école à la période du lycée pour des raisons familiales et financières. Fille d’agriculteurs, l’Avironnaise connaît, au sein d’une fratrie de huit enfants, une existence centrée autour de l’élevage et des champs. Lorsqu’elle à 10 ans, intervient un évènement tragique : le décès de sa mère. Elle se retrouve en pension et doit vite se responsabiliser. Son premier emploi est à la Banque de la Réunion. La « ti’ pat jaune de la campagne », comme la surnommaient ses collègues gravit les échelons en passant plusieurs examens, « être agent administratif était la porte de sortie ».

Elle arrive ensuite aux Eaux et Forêts, devenues Office National des Forêts. Un établissement occupé par un grand nombre d’hommes : « Les quelques femmes étaient à l’administration et les hommes agents de terrain ». La téméraire reconnaît ne pas avoir souffert de discriminations à son travail « parce que je ne l’aurais pas permis ». Mais avoue avoir entendu des remarques telles que « comment une petite Réunionnaise pouvait être reçue ? », à son retour de cessions d’examens déroulés en métropole. Tant pis pour les misogynes. Elle fonce.

Thérèse Baillif se marie à 22 ans. Son époux fonctionnaire était un homme qui ne rechignait pas aux tâches ménagères. « C’est lui-même qui s’est dévoué », assure-t-elle« j’essayais de participer en nettoyant la vaisselle, mais il ne le voulait pas et je ne pouvais l’aider autrement car je n’aime pas faire la cuisine ». Mère d’un fils enseignant et d’une fille responsable d’agence immobilière, cette « executive woman » conçoit que l’éducation de ses enfants « s’est sûrement très mal passée » mais n’a pas à regretter le résultat : « J’ai essayé de faire au mieux, je leur ai inculqué des valeurs : celles que mon père m’a transmises ». Ce père qui ne possédait qu’un certificat d’études, « il n’était pas très bon en orthographe », sourit-elle, mais il tenait à leur laisser comme héritage, un savoir, une connaissance.

En 1986, l’Association Femmes Actuelles de la Réunion (AFAR) est créée et deviendra plus tard l’AMAFAR. Le combat pour les droits de la femme débute dans une Réunion encore trop masculine « Il a fallu se battre pour ces femmes qui se résignaient, il n’y avait pas de raison ». Quelle a pu être la source de son engagement ? Elle n’a jamais été témoin de violences, dans son entourage proche« Comme dans toute famille j’ai déjà entendu des échanges forts », confie-t-elle. Et d’ajouter : « Mon mari à peut-être éprouvé de l’agacement à mon égard, mais il ne se serait jamais permis de lever la main sur moi ».

Il existe alors deux associations féminines, l’Union des Femmes Réunionnaises (UFR) dont la Présidente est Huguette Bello où elle aura quelque temps officié. Elle aura vite abandonné car l’organisation était « trop sous la férule du parti communiste réunionnais (PCR) ».

Les appuis de cette battante aux femmes de pouvoir ne sont pas liés à la politique. Son soutien à Nassimah Dindar pour les législatives de 2012 s’exprime par le respect qu’elle éprouve envers « une femme courageuse et ambitieuse, femme musulmane appartenant à une famille traditionnelle qui se trouve à la tête d’une collectivité départementale ». Et aussi pour leur collaboration passée au sein de l’AFAR dont Nassimah Dindar est la Présidente.

 

Fervente catholique

 

En 2007, cette touche-à-tout décide de prendre sa retraite et de s’occuper de ses petits-enfants et de son jardin « resté trop longtemps en friche ». Au bout de six mois, l’appel de la bataille redevient persistant, son choix est arrêté. Elle fonde le CEVIF où elle ne sera que bénévole. Le Collectif est établi dans « un contexte de plan sociétal car certaines familles se sont senties abandonnées. C’est un combat mené sur la durée ». Même si elle déplore l’augmentation des violences à la Réunion. D’ailleurs, Super Mamie tient à préciser qu’elle n’est pas « le bon Dieu ni une fée avec une baguette magique, ce sont aux jeunes de se renseigner et de prendre la relève ». Elle affirme présenter sa démission tous les ans, mais regrette que personne ne sollicite le poste. Il ne lui reste plus qu’à espérer que la relève se manifeste : « Je suis catholique, je vais prier pour cela ».

Ces valeurs chrétiennes, lui ont donné cette envie de se dresser contre certains a priori. Pourtant, cette foi s’accompagne parfois d’opinions arrêtées sur des sujets sensibles. Sur la loi de l’IVG par exemple, elle martèle qu’elle n’est pas « pour l’Iavortement a tout va. Tout le monde doit comprendre que la finalité de l’acte sexuel n’est pas seulement pour le plaisir ». Concernant un autre fait d’actualité, comme la participation du chanteur Orelsan au Festival Sakifo, elle avance ne pas souhaiter que ses impôts servent à sa venue. Un caractère vif…

D’une manière générale, Thérèse Baillif dénonce un autre vrai problème bien plus réel : la perte des valeurs dans une société qui prône l’indépendance. Pour sa part, elle compte rester fidèle au poste « dans la mesure du possible, et jusqu’à la fin de mes jours ».

 

Naïma FERRETO 

(Photo Coralie Georget)

 

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 20:01

 

« Je condamne le système »

 

La cherté de la vie été au cœur des manifestations ayant secoué La Réunion. Patrick Savatier n’a pas vraiment été audible sur cette question. Entretien avec une grande gueule.

 

savatier.jpgEn tant que combattant de la vie chère, quelle est votre analyse sur les mouvements sociaux qui ont affecté l’île ?

Ravi que les Réunionnais se bougent avec les Indignés péi rassemblés aux quatre coins de l’île. Après, il y a deux façons de s’indigner. Un mouvement revendicatif ou un mouvement où on fait tout péter. Je ne suis pas en accord avec les casseurs mais je condamne le système qui a permis que les émeutes puissent arriver. J’ai depuis longtemps alerté les pouvoirs publics sur les problèmes de pauvreté. Pour avoir la paix sociale, le préfet annonce la baisse ou le gel de 60 produits alimentaires. Pour calmer les jeunes, ce n’est pas satisfaisant. Il faut verser des salaires décents, s’occuper des personnes âgées, des étudiants.

 

Vous êtes resté en retrait de ces mouvements, ne vous sentez-vous pas hors-jeu de cette lutte pour la baisse des prix ?

Je me suis effacé car j’ai été contraint au repos. Une chose à propos des transporteurs : j’en ai eu marre de leur corporatisme. Ils étaient trop nombreux. Tous essayaient d’être chef. Chacun sa place. Je ne suis ni syndicaliste, ni politique. Mais je continue à me battre. Momon papa lé là reste légitime sur la question de la vie chère. Tous les jours, nous sommes témoins de la pauvreté. On alerte l’opinion sur la cherté de la vie. Les membres de mon association arpentent le terrain. Ils se mobilisent, vont aux réunions des Indignés à Saint-André.

 

Jean-Hugues Ratenon est en première ligne de ces mouvements, ne vous éclipse t-il pas ?
 

Il porte le message contre la vie chère de manière claire. On ne va pas parasiter le débat en s’invitant nous aussi aux réunions. Avoir trop d’interlocuteurs autour de la table risquerait de brouiller ce message, à l’image des transporteurs.

Chacun est dans son rôle. Je partage totalement la vision de Jean-Hugues Ratenon sur les demandes qu’il a formulées lors des négociations. Après nous ne sommes pas en accord sur tous les points. Je tiens à ce que les mouvements citoyens restent le plus apolitique possible. Ratenon est orienté politiquement, ce que moi je ne suis pas. Je ne veux pas être récupéré par un parti politique.

 

ENTRETIEN : Thomas SELLY

 

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 05:57

Sarah Patel, The Voice !

 

Les auditeurs ont tous connu la voix de Sarah Patel sur Freedom. Depuis peu, à 33 ans, c’est sur Antenne Réunion Radio qu’elle officie.

 

 SarahPatel_bis_3.jpgNikos Aliagas cherche la plus belle voix de France. A la Réunion, en radio, on a la nôtre, celle de Sarah Patel. C’est à l’âge de 14 ans qu’elle arrive sur Freedom. « J’étais comme une schtroumpf » se souvient la journaliste. Mais Camille Sudre repère alors le potentiel de la jeune fille. Freedom découvre une adolescente acharnée, qui travaille tous les week-ends. « Je ne cherchais même pas à être payée » se remémore-t-elle avec passion. « La radio, c’est une grande histoire d’amour ». Le baccalauréat en poche, elle tente la presse écrite (Le Quotidien), la télévision à Mayotte et aiguise son micro à RFM, une radio locale en vogue à l’époque. Mais l’appel de Freedom est bel et bien le plus fort en 2002.

Dans ce cas pourquoi Antenne Réunion aujourd’hui ? Parce qu’à Freedom « ça ne vibrait plus » concède-t-elle. Et d’évoquer « les journaux de trente minutes » avec une ligne éditoriale qu’ « on ne pouvait pas changer ». Car Freedom, « c’est le bébé de Camille ! » Quitter la radio de la Colombe pour l’inconnu lui faisait un peu « peur » admet-elle néanmoins. Mais Sarah Patel justifie son choix par le désir légitime de changement. La voilà animant la matinale d’Antenne Réunion Radio depuis décembre 2011. Elle avoue qu’à son premier jour d’antenne, lors de son arrivée devant le studio, elle regrettait « d’avoir quitté Freedom à chaque pas qu’elle faisait ».

Aujourd’hui, avec Camille Sudre, c’est je t’aime, moi non plus ! « Ma relation avec lui est excellente, on s’est vus hier » assure-t-elle. Mais Sarah Patel confesse quand même que le « patron » lui a demandé si elle était partie « pour l’argent », et si elle souhaitait être «  mieux payée ». Elle affirme que son salaire est inférieur à Antenne et que c’est bien l’envie d’apprendre autre chose qui l’a motivée. La journaliste confie enfin que l’ex vice-président de la Région aurait déjà tenté de la récupérer…

En attendant les directeurs des médias locaux apprécient cette voix claire, fluide et précieuse. Comment cette jeune femme originaire de « Bras-Panon city » a su développer une telle aisance avec la parole ? Selon elle, cela vient de ses lectures. Avec un père facteur « rat de bibliothèque », Sarah Patel alimente une vraie passion pour la littérature depuis son enfance. « J’aimais beaucoup la Comtesse de Ségur. » Sa mère, femme de ménage, plus pragmatique, lui a transmis d’autres valeurs. Elle insiste d’ailleurs sur sa sévérité, mais on sent bien que le contact avec elle est omniprésent encore aujourd’hui. De même, la famille de sa mère n’était pas vraiment convaincue de l’intérêt des études. « On trouvait bizarre que j’aille à la bibliothèque. » Quant à la famille de son père, elle était déçue des études littéraires que la jeune femme a entamées à l’université : « J’étais censée faire médecine » explique-t-elle.

 Multicartes, Sarah Patel ne se consacre pas exclusivement dans le journalisme. Depuis ses 19 ans, elle est également cadre à France Télécom. « Il fallait quand même avoir une situation stable ». Avec amusement, elle raconte que c’est grâce à son culot qu’elle a obtenu ce travail : « Dès que j’ai su que j’étais embauchée, j’ai tout de suite demandé où était mon bureau ! » La jeune femme reconnait que son salaire à France Télécom se rapproche de celui qu’elle touche à Antenne Réunion (2200€ bruts), toutefois sans révéler le montant précis. L’essentiel de ses ressources ne provenant pas du journalisme, la matinalière ne possède pas de carte de presse. Mais elle « n’en a pas besoin », ayant largement fait ses preuves dans le Landerneau journalistique local : « Je me considère comme journaliste. L’important étant de prendre du recul par rapport à l’information ». Par rapport à Freedom également ? Probable…

Benjamin Abémonty

(Photo Michèle Jean-François)


Et psychopathologue aussi…

« Je suis célibataire. » Difficile d’imaginer le contraire avec une vie aussi chargée. Pourtant Sarah Patel arrive quand même à trouver du temps pour sa bulle sociale : « 12h-14h c’est bien pour les amis. Quoique 17-18 aussi ! »

Ayant passé sa vocation pour la médecine sous silence, c’est en 2004 qu’elle réentend l’appel. « J’ai toujours besoin de me défier » dit-elle. C’est donc à la fin d’un congé individuel de formation qu’on retrouve Sarah Patel avec un diplôme de psychopathologie. Peut-être une nouvelle perspective de carrière…

 

 

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 12:45

"Notre liberté est en danger"

 

Un accord, à l’initiative des Américaine, vise à lutter contre la contrefaçon, à renforcer les droits d'auteur et la propriété intellectuelle dans le monde entier. Un texte contraignant qui fait bondir certains internautes réunionnais.

 

acta.jpg« Cet accord va se signer sans débat démocratique, en toute discrétion, alors que le texte va impacter le quotidien des citoyens de 40 pays »... La colère monte chez les internautes, et citoyens du monde. Regroupés sous la bannière un peu floue des Anonymous, ils se sont rassemblés à Saint-Denis pour en débattre le 25 février.

C'est en 2007 que les premières lignes de cet accord sont écrites aux États Unis. Depuis il a été complété, et devrait être validé cette année. Il vise à lutter contre le piratage et l'usage de données protégées, dans plusieurs domaines d'application. «Les textes sont écrits par des experts, mais ils sont influencés par de puissantes entreprises capitalistes », prévient Pierre, membre du Parti Pirate, comptant deux députés européens. « Ce n'est rien de plus que signer un chèque en blanc sur nos libertés privées et individuelles », précise encore Bruno, un simple citoyen inquiet.

« Le texte renforce le pouvoir des douaniers, qui peuvent vérifier n'importe où le contenu d'un lecteur MP3, et il faut être en mesure de justifier l'achat de son contenu », renchérit un internaute. Alain complète : « Si vous filmez quelque chose, et qu'une musique protégée est diffusée en même temps, votre caméscope peut-être bloqué à la douane ».

Les logiciels libres seraient également considérés comme de la contrefaçon, car utilisant certaines bases déployées par Microsoft. Même les petits agriculteurs pourraient être impactés s’ils réutilisent leurs semences, conçues par des multinationales telles que Monsanto…

« On ne peut pas octroyer à quelqu'un une droit exclusif sous prétexte qu'il a été le premier, ce serait signer l’arrêt de mort de la progression de la recherche, peste le petit groupe. Il faut partager les connaissances et cet échange est en danger aujourd'hui ».

Selon les Anonymous, cet accord va à l'encontre du bien commun et de l'intérêt général, au profit des sociétés privées capitalistes. Le groupe envisage d'autres rassemblements ; mais la mobilisation semble difficile...

 

Christopher LAURET

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