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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 14:39

Un spectacle qui décoiffe

 

Colette Garrigan tire les ficelles de la compagnie Akselere depuis 1999. Née à Liverpool, elle est spécialiste de théâtre d’objets et de marionnettes. Hier soir, l’actrice présentait pour la première fois son nouveau spectacle, Crowning Glory.

 

colette.jpg« Entrez donc ! Vous êtes en retard… », s’étonne l’actrice, telle le lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles. Et pour cause, Colette Garrigan, marionnettiste, a choisi de s’inspirer très librement du conte de fée pour entraîner ses spectateurs aux confins de la réalité. « Ce spectacle-ci est plutôt un conte de faits », tient-elle d’ailleurs à préciser.

Lewis Caroll n’a qu’à bien se tenir : l’Alice des temps modernes est née sous X, a attrapé des poux à l’orphelinat et rêve tout de même de devenir coiffeuse. En quelques coups de ciseaux, l’histoire se découpe sous les yeux du public, retombé en enfance. Dans le salon de coiffure de cette héroïne atypique, tout est prétexte à la confession : on dévoile sa vie comme on va chez le psy. « Dites-moi tout, ça reste entre nous » susurre l’actrice.

Et Colette raconte. Dans un français teinté d’un accent irlandais chantant et en anglais. C’est sûr, l’actrice sait jongler : avec les objets comme avec les langues. Bientôt, une natte blonde se transforme en demoiselle en détresse, sous la menace d’un flacon de crème prêt à éjaculer. Les objets ont pris vie pour mettre au monde Alice, aussitôt propulsée derrière les barreaux en ombre chinoise d’un peigne-berceau à l’orphelinat.

Colette file la métaphore comme on effilerait les cheveux : elle « passe à travers le miroir », s’invente de nouvelles coiffures, crée des personnages. « Raconter une histoire, c’est comme aller chez le coiffeur : ça nous transforme ! » s’émerveille la comédienne en déambulant sur une scène transformée en échiquier. Parvenue à la dernière case, la jeune orpheline échappée d’un livre pour enfants finira-t-elle couronnée ? Echec et mat : par bonheur, Alice gagne la partie. C’est ce qu’il y a de bien avec les contes : libéré pour un instant de la réalité, on en sort souvent enchanté.

Les spectateurs, peu nombreux, ont quitté les lieux à regret : « C’est la première fois que je vois un théâtre d’objets, s’exclame Sylvano, 21 ans. Et c’était impressionnant car elle fait tout toute seule, ce n’est pas simple ! ». Anaïs, ouvreuse bénévole, « adore » Colette et suit ses spectacles depuis 2007. À l’époque, l’actrice avait fait sensation au Théâtre des Bambous à Saint-Benoît avec Sleeping Beauty, une pièce inspirée de la Belle au Bois Dormant. Jean-Pierre et Mimose sont également de fervents admirateurs. « Le concept est original : si on écoutait tout ce qui se dit à chaque fauteuil dans les salons de coiffure, il y aurait de quoi écrire un roman ! » s’amusent-ils. Colette Garrigan, une cigarette à la main, se joint volontiers à son public à la sortie. Avec ses cheveux noirs coupés courts et ses grands yeux malicieux, elle a davantage des allures de Blanche-Neige. « C’est avec émotion que je retrouve la Réunion, sourit-elle. C’est ici que j’ai créé la compagnie Akselere en 1999 ». L’actrice s’inspire de sa vie pour écrire et s’appuie sur les contes pour prendre du recul par rapport à la réalité : « Je travaille beaucoup sur la résilience », explique-t-elle.

Le public a joué le jeu, lui aussi, et sort de cette séance de psychologie capillaire rafraîchi.

 

Salomé VIENNE (éudiante en licence Journalisme)

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