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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 14:53

Les batay coqs bientôt hors-la-loi ?

Une proposition de loi a été déposée à l’Assemblée Nationale, mi-juillet, afin de mettre fin à la tauromachie...et aux combats de coqs ! L’alerte rouge est donnée dans les gallodromes de La Réunion. Pratique barbare ou tradition ancestrale ?


 Encore une spécificité pour La Réunion. Elle est la seule, avec le Nord-Pas de Calais, à pouvoir encore organiser des batay coqs. Jusqu’à aujourd’hui, l’alinéa sept de la loi sur les sévices envers les animaux l’y autorise. La raison ? La « tradition ininterrompue » de ces combats sur l’île. Une exception que cent députés veulent balayer.

Geneviève Gaillard, députée PS des Deux Sèvres, est l’une des instigatrices de ce texte déposé le 13 juillet. « Je le défends depuis quatre ans », souligne la parlementaire, depuis sa mairie de Niort. « Avec ces pratiques, on fait preuve de cruauté, par plaisir malsain », précise-t-elle, espérant convaincre ses collègues de l’Assemblée nationale (voir l’encadré).

Cette initiative, Sarah Delavergne, présidente d’honneur de SOS Animaux, la soutient fermement. « Je réclame une nouvelle loi, c’est dégueulasse de se régaler de ces spectacles », assène-t-elle. La militante, connue pour ses coups de gueules à l’antenne de Freedom, ne croit pas à la sensibilisation : «Cela ne sert à rien de discuter avec ces gens, c’est ancré en eux ». Quid de la culture réunionnaise ? La Brigitte Bardot locale lance « que l’on doit défendre les animaux et non une tradition barbare ».

« Les gens feront toujours des combats »

Direction Saint-Joseph, son gallodrome où se déroulent les combats de coqs. Le lieu fourmille de monde. Les « soigneurs » coachent une dernière fois leur poulain avant l’ouverture des hostilités. On pèse, on jauge, on s’accorde sur le prix du pari. Le premier sera de 500 euros, le gagnant empochera le double.

batay.coqC’est parti pour deux heures de duel maximum au milieu du rond, constitué en terre. Si un duelliste en sort, on marque une pause, comme à la boxe. On éponge les coqs comme de vrais « pugilistes ». Si un volatile ne peut plus lutter, le duel prend fin.

Quatre-vingt amateurs sont présents dans l’enceinte. Ghislain Gonthier, également « soigneur », affirme « prendre soin » de ses animaux et lance : « Loi ou pas loi, les gens feront toujours des combats ». Le gérant de la buvette, Henri Claude Payet, abonde dans le même sens. « Les éleveurs se mobiliseront contre une interdiction, prophétise-t-il. Pourquoi ne fait-on pas une loi contre la boxe ? C’est cruel aussi ».

10 000 euros de gain

Si les amateurs des batay coq tiennent tant à conserver cette tradition, c’est aussi pour des raisons financières. Les paris, pourtant interdits, s’ouvrent à tout moment. On mise avec n’importe qui sur la victoire du rouge ou du noir. « Entre parieurs, la somme frôle parfois 1000 euros », avance Patrick, un habitué, installé dans les gradins, bière à la main. Chacun paye son ardoise. Rares sont râlés poussés. Les jours exceptionnels, « on peut atteindre 10 000 euros de gain pour un des parieurs », décrypte Ghislain Gonthier. « Si je remporte 5000 euros en faisant combattre mon coq, vous croyez que je vais m’en priver ? », avoue-t-il tout de go. Le gérant du gallodrome, surnommé Ti cok, glisse avoir déjà parié  7000 euros sur l’un de ses protégés. Des gains considérables pour ces éleveurs possédant parfois une centaine d’animaux. La loi porterait donc un méchant coup de bec à leur lucrative activité, qui leur permet de boucler les fins de mois. Ce qui pousse Ghislain Gonthier à chanter haut et fort : «Au lieu de se préoccuper des coqs, les députés feraient mieux de s’occuper des gens en détresse »…

Thomas Selly

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