Un banquier à votre écoute
« Ma Passion, ma drogue, ma mission » : Matthias Ramsamy, 23 ans, banquier et correspondant officiel de Freedom depuis 5 ans, a la pêche. Les auditeurs reconnaissent sa voix sur les ondes et il est fier de sa notoriété.
La carrière du jeune Salazien ne le destinait pas à cumuler deux métiers. Issu d'une famille d'agriculteurs modestes, il se représente son enfance comme difficile : « Je viens du caniveau », ironise-t-il, évoquant ses conditions de vie dans le cirque : « Je n'ai connu Internet qu'à 17ans ».
Réussir devient alors son unique objectif. Et pour cela Matthias s'en donne les moyens. Un BTS Banque au lycée Mahatma Gandhi de Saint-André en poche il postule pour la licence Information-Communication de l'université de la Réunion où il n'est pas retenu. Déçu mais non découragé, son BTS l'amène à obtenir une licence professionnelle à l'IUT de Saint-Pierre. Embauché en tant que stagiaire pendant deux ans, il est désormais conseiller bancaire.
Vite accro à Freedom
Cet amour de l'information le rattrape bien vite. Les souvenirs rejaillissent et l'employé de banque se souvient de son premier appel à la radio pour un incendie à Duparc : « Imaginez des flammes atteignant 12 mètres de haut ! Il fallait que j'informe tout le monde, pour que tous s’en rendent compte ! », se remémore l’animateur. Ses interventions lui valent la reconnaissance des auditeurs et de Camille Sudre. Il devient alors correspondant officiel à Freedom mais garde son poste de conseiller bancaire. « Je perçois 1800 euros en travaillant à la banque, précise-t-il sans gêne, et mes reportages à Freedom me rapportent environ 500 euros par mois. ». Détendu, il poursuit : « Du mardi au vendredi, je travaille à la banque. Mon samedi et mon dimanche, je les consacre à Freedom. Et le lundi, je suis aux assises. » Énergique, Matthias ne peut pas rester longtemps en place. Trop occupé, il regrette cependant de ne plus pouvoir assister au repas dominicaux chez ses parents.
Si ces week-ends sont occupés, au détriment de sa famille, il en est de même côté cœur. La perspective de concilier amour et boulot est difficile pour le jeune homme. « Un dimanche, au cinéma, avec mon ancienne petite amie, je reçois un appel d’urgence de la rédaction, encore pour un incendie. J’ai dû la laisser en plan… », confie-t-il à peine embarrassé. « Mais, le journalisme c'est bien plus qu'une passion, c'est ma drogue ! » . Enthousiaste, Matthias l'est lorsqu'il parle de sa radio. « Oui Freedom, c'est une radio de la di la fé, admet-il. Mais le commérage fait partie du fonctionnement réunionnais. Tout le monde veut savoir ce qui passe dans la kour de son voisin. » Fougueux, Matthias s'assume. « Je n'hésite pas à frapper sur la porte des gens », même lorsque ces confrères partent. « Et puis, je sais qu'ils écoutent Freedom autant que moi, c'est comme ça », tranche le jeune homme.
« Freedom survivra à Facebook »
Cette radio, Matthias la chérit : « Freedom, c'est comme ma seconde famille ». Pensif, sourire en coin, il parle avec émotion de l'épisode du cyclone Bejisa où tous se soutenaient. Camille Sudre le suit aussi de près. « Il est très paternaliste. Je suis toujours en admiration face à un tel homme », poursuit celui qui se perçoit comme un journaliste à part entière, les étoiles dans les yeux. Grand idéaliste, selon lui, le phénomène Freedom ne s’estompera pas, et « survivra même à Facebook ». La radio de la colombe est thérapeutique pour les personnes isolées : « La Réunion se perdrait sans Freedom », renchérit il. Fidèle auditeur, son jeune âge a expliqué ses erreurs de débutant. Comme l'épisode du basculement des eaux au cirque de Salazie. Du côté des grévistes, il téléphone pour faire entendre son mécontentement. Camille Sudre le réprimande quelques minutes plus tard, pour n’avoir pas su rester neutre. « Mais ce sont des choses qui arrivent. Une fois en direct, une fois la parole lâchée, c'est trop tard. ». Fier, rieur, Matthias consent non mécontent : « Avec Freedom, on passe d'auditeur à journaliste en deux secondes. Et ça, c'est une grande source d'inspiration ». Toujours les fameux « 300 000 journalistes de FreeDom » dont s’enorgueillit la station de l’homme en blanc. Au grand dam des « vrais » journalistes professionnels…
Audrey FÉLICIEN
(Photo Christelle Bénard)