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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 17:30

Parler français et le prouver

 

Il faudra maintenant prouver que l’on parle français pour être naturalisé. C’est le sens des décrets et de l’arrêté du 11 octobre. Un durcissement qui suscite des réactions mitigées à la Réunion.

 

naturalises-petit.jpgComprendre des questions de base ou tenir une conversation. Désormais cette condition ne sera plus suffisante. À partir de janvier prochain, les candidats à la nationalité française devront le prouver. La loi d’Immigration de 2006 stipulait déjà « que tout candidat devait justifier d’une connaissance suffisante de la langue ». Un agent de préfecture vérifiait ensuite les capacités linguistiques du postulant.

La donne change. Deux décrets et un arrêté durcissent les conditions d’acquisition de la citoyenneté. En 2012, il faudra passer des épreuves dans un centre agréé ou fournir un diplôme d’apprentissage du français. Ces dispositions concernent l’acquisition de la nationalité par naturalisation ou par mariage avec un Français.Ces justificatifs seront délivrés par des organismes possédant le label « Français langue d’intégration », institué par un des décrets. L’attestation peut également être obtenue auprès de centres proposant des tests de connaissance du français (TCF). Il s’agit d’un grade intermédiaire sur une échelle qui en compte six. Il correspond à « une personne comprenant les points essentiels d’un langage standard ».

 

Entre 50 et 100 Euros

 

La formation est payante. Les postulants devront débourser de 50 à 100 euros. Le prix varie selon le lieu d’examen et le nombre de candidats. L’épreuve porte uniquement sur des questions orales, comme en organise le Centre international des études pédagogiques (CIEP), basé au campus du Tampon. Pour Liliane Bernon, chargée de programme, « le niveau demandé permet de se débrouiller dans la vie quotidienne ».

À l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), on va devoir s’adapter. L’organisme implanté à Saint-Denis ne propose à ce jour des cours français de niveau A1. Or la nouvelle loi exige un niveau supérieur, le B1. « La soudaineté des décrets nous a surpris », s’étonne le directeur, Stéphane Vezignol. Avant de prédire que « cette certification élevée obligera les candidats à se perfectionner ». En revanche, il ignore si son organisme bénéficiera de financements afin de pouvoir proposer un service gratuit aux postulants.Autre solution pour prouver sa connaissance de la langue, le diplôme. Un brevet des collèges, un CAP ou bien un diplôme initial de langue française suffit.

 

 

Faire des efforts

 

 

Élisaveta Tatanova est russe et suit les cours proposés par l’Ofii. Installée à la Réunion depuis neuf mois, la jeune femme de 24 ans confesse : « Je ne parle pas bien la langue ». Son avis sur les nouveaux décrets ? « Je trouve normal de devoir parler le français », glisse t-elle.

 Angelina Godin, malgache d’origine, a elle été naturalisée en 2009, grâce à son mariage avec son conjoint français. Mariée en 2005, elle a obtenu sa nouvelle citoyenneté en 2009, après le fameux entretien en préfecture. Actuellement chômeuse, la Dionysienne avoue : « J‘ai appris le français dans mon île ». Son avis est mesuré : « Ça va être dur pour les étrangers s’il faut payer des cours ». Avant de préciser : « Si c’est pour mieux parler français, c’est positif ; mais le créole parle mal aussi, on ne fait pas une loi pour lui, si ?», ajoute t-elle dans un grand éclat de rire.Laurent*, d’origine malgache, est citoyen français depuis 2003, à la suite de son mariage avec une Réunionnaise. Arrivé en 2000 à la Réunion, le verbe haut, ce quinqua parle parfaitement la langue. « Cela va dans le sens d’une meilleure intégration, précise le vendeur au chômage. Si vous voulez être français il faut faire des efforts».

 Selon le bureau des naturalisations de la préfecture sur l’île, 1284 personnes ont été naturalisées depuis 2004. En 2010, au niveau national, ce sont 110 000 personnes qui ont obtenu la citoyenneté française.

 

Thomas SELLY

 

*Prénom d’emprunt

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