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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 07:22

Le zamal manque, vive les médocs…
Il y a une saison pour tout : en mars-avril, ce n’est plus celle du zamal. Difficile de trouver des “têtes” bonnes à fumer à la fin de la saison cyclonique. Les zamalés compensent en détournant l’usage de certains médicaments. Reportage dans le quartier du Chaudron.

foto--2-.jpegL’été venu, les zamalés se trouvèrent fort dépourvus… En effet, pour les consommateurs de drogues naturelles made in Réunion, c’est une période de disette qui commence. Selon Ben, un habitant du Chaudron qui connaît bien ce type de consommateurs et leurs réseaux, le manque actuel de cannabis provoque un besoin de substitut chez les toxicomanes. Les stupéfiants qui peuvent assouvir leurs besoins en effets secondaires sont le Rivotril et l’Artane.

Ben croit connaître une autre explication à l’engouement de saison pour les médicaments : «La police a attrapé beaucoup de planteurs et de dealers de zamal ; comme les médocs, c’est plus discret et que ça rend accro directement, les drogués même pauvres et très jeunes peuvent mète ça ! ».

Julien est l’un de ces consommateurs de zamal et de substituts. Il nous parle en mode discontinu, coupé par des absences et des pertes de mémoire. Derrière ses lunettes de soleil, il confie : « Les médocs, contrairement au zamal, c’est dispo 24 sur 24, 365 jours sur 365. Avec la carte vitale, c’est plus difficile, mais les réseaux parallèles nous sauvent. Après, c’est comme les bonbons, soit on préfère l’Artane, soit le Rivotril voire le Tranxen si on suit la mode de France”. Le jeune home s’assoie par terre et poursuit, un peu somnolent : “ La coke et l’héro, c’est pour les riches. Si un jour, y a plus d’Artane ou que bana trouv une loi pour supprimer les comprimés ou ampoules et vendre ça en suppos, on mettra en suppos ! Et s’ils suppriment totalement le produit, on aura toujours le Rohypnol…»

Les ventes en augmentation

Le détournement de ces médicaments ne date pas d’aujourd’hui ; mais l’usage de l’antiépileptique Rivotril ou de l’antiparkinsonien Artane serait une spécificité réunionnaise selon une pharmacienne du quartier Chaudron, fraîchement arrivée dans le département. Dans l’Hexagone, elle n’a jamais été confrontée à ce type de toxicomanie, Imovane ou patch de morphine étaient plus courants. « En métropole, les pharmaciens s’énervent quand ils voient ce type de médicament sur l’ordonnance d’un client. Ici, ils vérifient juste s’il n’y a pas de chevauchement, du moment qu’on a le droit prescrire de l’Artane ». Les statistiques de la pharmacie montrent une hausse des ventes de Rivotril et d’Artane durant les mois d’été. De quoi alerter le service médical de la Sécurité Sociale qui surveille la délivrance de ces produits et avertit les médecins si un fraudeur est repéré. Tel fut le cas d’un médecin généraliste qui nous confie qu’à ses débuts, il a été berné par de très bons simulateurs. « Il y en a un ou deux par mois qui essaient, en prétextant des insomnies. Ce sont tous des marginaux. C’est vrai qu’il y a des périodes où j’en vois plus, notamment en début d’année. Mais je les renvoie directement vers un psychiatre ! »

Emmanuelle Burdin

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