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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 15:03

Le « crédit carnet » perd ses feuilles

 

Alors que les supermarchés proposent des solutions de paiement étalé, les boutiques des quartiers rechignent aujourd’hui à faire crédit à leurs clients. Petit tour derrière les comptoirs. 


Boutik Chan-Cho-Hookï.jpeg

Les « boutik lontan » résistent tant bien que mal aux grandes surfaces, et avec elles, le petit carnet qui permet aux clients de payer leurs commissions à crédit. Chez les Chan-Cho-Hoï dans le quartier de Rivière-du-Mât les Hauts à Bras-Panon, la boutique a toujours fonctionné avec le système de « crédit carnet » depuis sa création en 1974. Mais aujourd’hui, les clients qui payent à crédit ne représentent qu’un quart de la clientèle de la petite supérette. « Ce sont des personnes de confiance, des gens du quartier qui pour certains étaient déjà de fidèles clients du temps de mes parents », raconte Bernard, le gérant. La méthode est la même qu’autrefois, même si le carnet s’est transformé en de simples fiches. « Mais les clients eux ont toujours leur petit carnet comme avant », précise-t-il derrière sa caisse. Le commerçant a déjà été confronté à des clients malhonnêtes mais cela ne l’a pas dissuadé de continuer. « Surtout pour les anciens, les habitués qui ont toujours payé à crédit depuis que la boutique existe ».

Dans la commune voisine, à Saint-Benoît, Jean-Yves et son épouse de la « Boutik Pépé » continuent eux aussi à faire confiance à leurs clients. « Lorsque nous avons créé notre commerce en 1986, nous habitions déjà le quartier depuis un moment. Alors nos clients, nous les connaissions », raconte le couple. Comme Bernard, Jean-Yves, malgré quelques impayés, ne veut pas renoncer à cette pratique : « Accorder un crédit, c’est parfois venir en aide à des personnes qui n’ont pas les moyens de finir le mois ». Un geste de générosité que tous les commerçants ne sont plus prêts à faire.

 

« Le système ne peut plus fonctionner »

 

C’est le cas de l’épicerie-charcuterie « Chez Jacky » dans le centre-ville de Bras-Panon. « Je peux dépanner un client que je connais bien de temps en temps mais je n’ai jamais pratiqué le crédit carnet dans ma boutique parce que les gens ne payent pas. Mon père le faisait à l’époque mais seulement avec ses connaissances », tranche « Madame Ramaye »., gérante de la boutique depuis plus de vingt ans. Selon la boutiquière, la demande est de toute façon moins forte, depuis que les supermarchés proposent des cartes de fidélité et des facilités de paiement, en plusieurs fois.

Irénée Dalleau, gérant de la « Boutik Service » depuis neuf ans, a été encore plus loin. En reprenant son commerce, il a préféré mettre à jour ses comptes. Il a exigé le paiement des dettes de tous les clients auxquels des crédits avaient été accordés par les anciens propriétaires. « Mon chiffre d’affaires a même augmenté depuis que j’ai arrêté le crédit, se réjouit-il. Je préfère que mon commerce fonctionne au comptant  au lieu de nourrir les clients et perdre de l’argent ». Il considère que les clients abusent de la bonne volonté des petits commerçants. Selon lui, si les gens sont capables de faire leurs courses dans les grandes surfaces, ils ont également les moyens de payer les « petites commissions » dans les petites boutiques. « Il faut être réaliste, c’est un système qui ne peut plus fonctionner, défend le commerçant. Le crédit est mort ».

Jessica FIRMIN

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