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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 13:12

« L'homosexualité de ma mère ne m'a jamais dérangé »

Le 11 septembre dernier, la garde des sceaux a présenté les grande lignes du projet de loi ouvrant l'adoption aux couples homosexuels. Il sera adopté courant 2013. Un risque pour les enfants ? Marc a grandi avec deux mamans et prône l’ouverture d’esprit.

Les couples homosexuels auront le droit d'adopter. Et ce « dans un cadre identique à celui actuellement en vigueur chez les hétérosexuels », a informé Christiane Taubira, le 11 septembre dernier. Ce projet de loi sera présenté fin octobre au Conseil des Ministres. De son côté, Jean-Marc Ayrault s’engage à mettre en vigueur « au premier semestre 2013, le droit au mariage et à l'adoption pour tous les couples, sans discrimination ». Maisle sujet fait toujours polémique. Les opposants prônent souvent un mauvais développement mental des enfants élevés par des parents du même sexe. Des critiques qui semblent ne reposer sur aucune étude…
« C’est l'amour qui compte », juge Marc*, 34 ans. L’homme sait de quoi il parle. Il n’a que trois ans lorsque sa mère quitte son mari pour s'installer avec une autre femme. Sa nourrice. Jacqueline devient alors son « autre maman » et ses quatre enfants des frères et soeurs. Rien d'étrange pour le petit Marc de l’époque : « Je ne me rendais pas vraiment compte que je vivais dans une famille différente. Même à l'école, je n'ai jamais été montré du doigt. L'homosexualité de ma mère ne m'a jamais dérangé car l'amour régnait ».
Jean-François Reverzy, pédopsychiatre, est plus réservé. « Certes, aujourd'hui, il y a beaucoup de mères célibataires qui élèvent leur enfant, concède le praticien. Mais il y a quand même une image du père en filigrane. Dans un couple homosexuel, pour que ça marche, il faut aussi que les figures paternelle et maternelles soient représentées ». Pour Marc, c'était le cas : « Jacqueline incarnait cette figure un peu plus autoritaire, plus masculine. Ma mère était beaucoup plus douce ».

L’image du père en filigrane
L'adoption d'enfants par un couple homosexuel, le pédopsychiatre ne s'y oppose pas. « Il vaut mieux qu'un marmaille soit élevé par des parents stables et qui l'aiment plutôt que par des personnes irresponsables », affirme-t-il. Mais selon lui, les homosexuels ne doivent pas adopter juste pour s'aligner sur les droits des hétéros. Derrière la procédure, il doit y avoir un réel désir d'enfant.
Il est de notoriété publique que des moyens existent pour contourner la loi sur l'adoption. Un parent célibataire peut adopter sans préciser ses orientations sexuelles. Les femmes peuvent avoir des bébés toutes seules. Autant de raisons qui mènent Jean-François Reverzy à demander « un cadre légal pour que l'enfant ne souffre plus en cas de séparation de ses parents ». Et d'ajouter : « Si le couple en vient à se déchirer et disputer la garde de l'enfant, aucune loi n'est applicable et c'est l'enfant qui va en pâtir ».
Une situation vécue par la famille recomposée de Marc. « Ma mère et Jacqueline étaient très instables, confie ce dernier, on déménageait sans cesse. » Lorsqu'il a 11 ans, ses mamans se séparent. Son petit frère et lui suivent leur mère biologique qui s'installe…avec un homme. La fratrie, perturbée, reste malgré tout très unie. Aujourd'hui les six enfants ont une situation professionnelle et aucun d'entre eux n'est homosexuel. « Je n'ai pas honte des orientations de ma mère. Au contraire, cela nous a permis d'avoir l'esprit plus ouvert sur la question de l'homosexualité. Surtout, cela ne m'a pas empêché de m'épanouir », indique Marc. Avis aux détracteurs…

Christelle FLORICOURT

*prénoms d'emprunt

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